Présenté par le ministère de l'Intérieur comme un recruteur de jihadistes, Mourad Fares, qui a longtemps vécu à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), a été mis en examen. Son frère a pris sa défense, le présentant comme un "petit poisson" et un "repenti".
Mourad Fares, arrêté mi-août en Turquie et remis mercredi 10 septembre aux autorités françaises, a été mis en examen et placé en détention provisoire. La décision a été prise dans la soirée du jeudi 11 août, par un un juge antiterroriste parisien.
Originaire d'Agadir et ayant longtemps vécu avec ses parents à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie avant de s'installer à Lyon puis de partir en Syrie, cet homme de 30 ans est soupçonné d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Selon une source judiciaire, il aurait dirigé et financé un groupe terroriste, aurait commis des délits en France et des crimes contre des personnes en Syrie.
Reportage de Marion Feutry, Jérôme Ducrot et Pierre Maillard
Recrutement en France et participation au terrorisme en Syrie
Concrètement, Mourad Farès aurait recruté de jeunes Strasbourgeois du quartier de la Meinau pour les mener au Jihad. Deux frères, membres de ce groupe, ont trouvé la mort en Syrie, tandis que sept autres jeunes ont été mis en examen et placés en détention en mai après leur retour en France.
Mourad Fares apparaît dans plusieurs autres dossiers, notamment celui du court périple dans la zone frontalière syro-turque de deux mineurs toulousains et celui du départ d'une adolescente avignonnaise en Syrie, selon des sources proches du dossier.
Selon son frère, Mourad Fares s'est rendu
A quelques jours de la présentation à l'Assemblée nationale d'un nouveau projet de loi antiterroriste, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a présenté Mourad Fares comme "un individu particulièrement dangereux". Mourad Fares était en Syrie "sur le théâtre des opérations depuis juillet 2013 jusqu'en août", selon Bernard Cazeneuve.
Mais sa famille est sortie du silence pour prendre la défense du suspect. Le frère de Mourad Fares a contacté nos confrères de France Info. Il a présenté l'intéressé comme "un petit poisson rouge" dans le monde de requins du jihadisme, et expliqué qu'il s'était volontairement rendu aux autorités, tel un repenti : "C'est lui qui a appelé l'ambassade de France pour dire je veux rentrer. En gros il s'est rendu à la justice française, il en avait marre."
Il aurait fui l'Etat islamique
Une source proche du dossier pense que Mourad Fares a pu quitter la Syrie pour fuir l'Etat islamique (EI), groupe - cible des Etats-Unis en Irak et en Syrie - dont il est un transfuge et qui prenait l'ascendant dans la région où le Français oeuvrait pour le compte du mouvement concurrent, le Front al-Nosra. "Il était un des principaux recruteurs de Français, si ce n'est le principal" pour Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.
Très actif sur les réseaux sociaux, surnommé Abou Hassan ou Mourad al-Faransi, Mourad Fares accueillait les volontaires francophones et oeuvrait des deux côtés de la frontière turco-syrienne pour le recrutement terroriste. Mais si il a un temps été présenté comme "un émir" des jihadistes français ou francophones, son importance réelle reste incertaine et lui donner un tel rôle "est exagéré", estimait au printemps une source proche du dossier. Il était "plutôt dans la logistique" et dans "la promotion du jihad" que dans un rôle de commandement opérationnel, selon cette source.