La Chambre régionale des comptes vient d'actualiser son rapport sur la gestion de la commune de Morzine. On y parle des finances, certes, mais aussi des méthodes de gestion qui ont souvent frisé les conflits d'intérêts.
Commencer par relever le bon côté des choses avant que le propos ne se gâte, c'est l'habitude dans les rapports de la Chambre régionale des comptes. Elle relève donc que "malgré un endettement important, -caractéristique des communes stations de sports d’hiver-, la situation financière est saine et la capacité de désendettement satisfaisante". Attention, le coup de massue arrive: "cette situation confortable ne résulte pas d'une gestion économe" (sic).
>>> Lire le rapport complet sur Morzine
Les magistrats pointent d'abord "des dépenses de fonctionnement" en progression, compensées par "une augmentation des produits fiscaux et des recettes issues de l'exploitation des domaines".
Conflits d'intérêts
Mais la Chambre fait planer un sacré doute sur la gestion, parlant d'un conseil municipal avec des élus parfois "intéressés", autrement dit juges et parties, ce qui, pour le moins, fragiliserait certaines délibérations.Sur ce point, le site internet "Acteurs de l'économie" a récemment ouvert un dossier où sont contés les aventures du maire/entrepreneur "intéressé", déclaré inéligible par les magistrats, de l'expert-comptable/adjoint aux finances qui attribue des subventions à des structures clientes de son cabinet, et du notaire-conseillé municipal responsable de l'urbanisme dont l'office est en charge de la majorité des contrats de la commune.
Outre ces conflits d'intérêts, la Chambre évoque "la méconnaissance répétée et parfois significative des règles de la commande publique ou de la fonction publique" avec "l'absence de recours à la concurrence", "l'irrégularité de certains recrutements" et "l'attribution de primes indues".
Et de poursuivre la longue liste des reproches par le dossier station de ski: "l'analyse des relations entre la commune et ses deux concessionnaires de remontées mécaniques révèle également des faiblesses significatives". La chambre cite des décisions qui "font peser sur la collectivité des risques financiers et contractuels".
Mais, suite aux premières observations, "la commune s'est engagée à améliorer ses procédures relatives à la commande publique, à mettre fin aux diverses irrégularités identifiées en matière de ressources humaines et à assurer un meilleur suivi des délégations de service public".
En attendant, la Chambre se permet de rappeler aux élus "leurs obligations au regard de la situation de conseiller intéressé" et demande dans la foulée "la suppression de l'indemnisation irrégulière des propriétaires de terrains concernés par un passage de pistes".