La mesure annuelle du Mont-Blanc a lieu cette semaine

Longtemps fixée à 4.807 mètres, l'altitude du Mont-Blanc varie au gré du vent et des chutes de neige. Ce vendredi 13 septembre, une vingtaine d'alpinistes aguerris graviront le toit de l'Europe pour effectuer de nouvelles.

Pendant longtemps, "on pensait que le Mont-Blanc mesurait 4.807 mètres. C'était la mesure de 1863, effectuée par l'armée française après l'annexion de la Savoie", explique Philippe Borrel, géomètre-expert, membre de l'expédition. Cette mesure avait été validée 30 ans plus tard par le scientifique Joseph Vallot et n'avait plus été remise en cause depuis.

La première mesure par GPS en 2001 a montré que ce chiffre était obsolète et, surtout, qu'il variait d'une année sur l'autre. Le sommet des Alpes est ainsi passé de 4.808 mètres en 2003 à près de 4.811 mètres en 2007. Cela fait maintenant six ans qu'il n'est pas redescendu sous la barre des 4.810 mètres. "Ce qu'on a constaté, c'est que les variations étaient liées aux précipitations et au vent", souligne M. Borrel. 

Plus les précipitations sont fortes et le vent faible, et plus la neige s'accumule en altitude, faisant grossir la calotte glaciaire qui recouvre le pic rocheux (culminant à 4.792 mètres). Il y avait ainsi, en 2007, 24.062 m3 de glace au-dessus de 4.800 mètres d'altitude contre seulement 14.598m3 en 2003.

"C'est très aléatoire car la neige se dépose rarement au sommet" où les vents sont très forts, souligne Gilles Gobbo, météorologue et nivologue à Chamonix.

Pas d'impact du changement climatique


"Peut-être le Mont-Blanc varie-t-il plus de taille au cours d'une même année que d'une année sur l'autre à la même période", avance M. Borrel qui n'exclut pas d'effectuer des mesures à la fin du printemps pour vérifier cette hypothèse.

Les campagnes de mesures actuelles servent en outre à tester les derniers matériels GPS dans des conditions extrêmes de températures et de vent, et à modéliser la forme du sommet. "On fait entre 500 et 1.000 points de mesure avec le GPS pour savoir si le sommet se déforme d'un côté ou de l'autre", explique Farouk Kadded, géomètre-topographe chez Leica Geosystems. 

Les données collectées sont enfin censées éclairer les scientifiques sur les "éventuels impacts du changement climatique", un point qui laisse les glaciologues dubitatifs. "On est à des altitudes beaucoup trop élevées pour que le réchauffement climatique puisse imprimer quoi que ce soit via la fonte estivale", estime Emmanuel Le Meur, enseignant-chercheur au laboratoire de glaciologie de Grenoble.

Les températures y étant toujours négatives, même en été, la glace ne fond presque jamais à 4.810 mètres. A cette altitude, un meilleur indicateur est la température de la glace en profondeur, qui a été mesurée à -17°c en 2004. "Cela correspond approximativement à la température annuelle moyenne de l'atmosphère au sommet", explique Christian Vincent, ingénieur de recherche au laboratoire grenoblois. 

La même température avait été relevée par Vallot à la fin du XIXe siècle mais dans des conditions différentes, ce qui rend la comparaison difficile.
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