Vous les avez peut-être déjà croisés : installés au bord des routes, les photographes des cols alpins guettent les motards et les cyclistes qui arpentent les virages. Armés de patience, ils peuvent prendre jusqu'à 3000 clichés par jour, du printemps à l'automne.
Clic, clic, clic ! À quelques centimètres des bolides et au plus près de l’action. En ce début septembre, Nicolas Biolley s'est installé de bon matin dans un virage du col des Aravis, coté Savoie. Son spot depuis 7 ans.
De mai à septembre, cet indépendant passe ici sept heures chaque jour, à "shooter" motards et cyclistes. Il peut prendre jusqu’à 3000 photos par jour.
"Ce sont les gens qui viennent à moi"
Pour lui, la recette du succès, "c’est la constance : avoir une qualité constante de résultat, explique Nicolas Biolley, photographe indépendant et directeur de "Storm Photos". "On fait un peu des compromis. On essaie d'avoir la meilleure photo possible, mais sur plusieurs cadres. On immortalise un moment. C’est comme les photographes de mariage sauf que là c’est juste un passage, un souvenir d’été."
Onze euros le souvenir, presque un trophée pour ces grimpeurs du dimanche et amateurs de belle mécanique. Les clichés sont commandables sur internet : en moyenne, le professionnel vend un cliché pour cent photos prises.
"On est sur 90 000 clichés par an. J'en vends un très faible pourcentage, on est de l’ordre du pourcent. Avec des moyennes un peu plus hautes, un peu plus basses..." Pour Nicolas Biollay, hors de question d'alpaguer les cyclistes et les motards. "Ce sont les gens qui viennent à moi. Je ne vais pas aller au-devant des gens pour les inciter à acheter quelque chose. Si ça leur plaît, ils peuvent conserver quelque chose qui a du sens."
Un territoire concurrentiel
À 1500 m d’altitude, le col des Aravis est l'un des cols les plus passants de la route des grandes Alpes. De quoi susciter quelques convoitises. Coté Haute-Savoie, la concurrence s’est installée cet été en la personne d’Estelle Teissonière, 24 ans.
"Vous avez pas trop froid ?", lui lance un cycliste rencontré sur la route. "Non ça va, bon courage !, sourit la jeune femme. J’essaie d’être toujours souriante, de réagir avec eux de les encourager aussi."
Cette salariée effectue sa première saison en tant que photographe de col. Son employeur - le leader du secteur - l’a envoyée conquérir des parts de marché face à Nicolas Biolley.
"Au final, on est chacun d’un coté du col donc on ne se marche pas trop dessus, témoigne Estelle Teissonière. Les cyclistes, ils montent d’un côté et ils redescendent par l'autre côté. Donc on n’a pas forcément les mêmes personnes sur la journée."
Le secret d'une bonne photo : "Il faut toujours avoir un œil partout. Être paré à faire des photos en montée, en descente."