L’office du tourisme de Megève, en partenariat avec les hôteliers de la ville, teste dès ce vendredi 23 août une nouvelle méthode de recrutement de ses saisonniers 2024. L’objectif : s’adapter à des jeunes qui maîtrisent les codes du numérique et élargir géographiquement leur panel de candidats. Les professionnels espèrent ainsi faire face aux difficultés de pénurie de saisonniers.
Le palais des congrès de Megève, comme si on y était. C’est ce qu’ont voulu réussir à reproduire les professionnels de l’hôtellerie et de l’office de tourisme de la ville à travers leur nouvelle plateforme. Dans ce "forum virtuel de l'emploi", les candidats aux différents postes de saisonniers pourront effectuer leur démarche de recrutement totalement en ligne.
"Même une campagne Tik Tok"
"Tous les deux mois, on se regroupe avec les 32 hôteliers de la ville pour évoquer les dossiers en cours, explique Caroline Denat, directrice de l’office du tourisme depuis plus d’un an. À l’automne, ils m’ont évoqué leur problème de recrutement. Nous avons donc travaillé main dans la main et ils ont été moteurs."
Ils se demandent comment toucher un public large, qui aura peut-être une contrainte de mobilité. "Nous avons décidé de nous adapter à ces jeunes saisonniers qui maîtrisent les codes du numérique. On a même lancé une campagne sur le réseau social Tik Tok. D’autres catégories socioprofessionnelles confrontées au manque d’employés nous ont sollicitées. Pour le moment, on reste modeste. Si cela fonctionne bien, pourquoi pas essayer de l’étendre", développe Caroline Denat.
500 emplois à pourvoir
La pandémie de Covid-19 a touché de plein fouet le secteur de l'hôtellerie-restauration. Conséquence : de nombreux personnels ont quitté le secteur. "Aujourd'hui, on accepte même les candidatures des débutants. Les jeunes diplômés sortis d'école peuvent candidater. Les employeurs sont prêts à prendre ce temps de formation", confie la responsable de l'office du tourisme.
Maïté Desruelles est directrice d'un hôtel est confrontée à cette pénurie de main-d’œuvre. Elle propose 30 postes pour la saison qui commence à partir de décembre. Alors, elle a tout de suite adhéré à ce projet : "Chaque employeur a enregistré un tuto pour aider les candidats à postuler. On a en plus développé les avantages qu'ils auront en venant travailler dans cette station. Il y a des réductions chez des commerçants, par exemple."
Au total, ce sont près de 500 offres à pourvoir dans le secteur à Megève. Les candidats disposent de 15 jours pour déposer leur CV et lettre de motivation sur la plateforme. Les rendez-vous professionnels auront lieu en ligne les 5 et 10 septembre de 8 heures à 20 heures "pour leur offrir une large plage horaire". Les patrons peuvent aller piocher dans les profils et les saisonniers bloquer les créneaux horaires dans les établissements de leur choix.
Recruter... Et fidéliser
"Les personnes plus réservées, qui n’ont pas mis un pied dans ce milieu, peuvent se balader dans ce palais des congrès virtuel. Ça peut ouvrir des portes à des personnes qui n’auraient pas osé venir nous rencontrer sur nos métiers", espère Nicolas Queval. Le directeur du Novotel Megève Mont-Blanc évoque lui aussi la difficulté à trouver des candidats compétents et salue la mise en ligne du projet en huit semaines, à temps pour le lancement des campagnes de recrutement.
On voit que ça marche, en une journée de communication uniquement par les réseaux sociaux, on a déjà une trentaine d'inscrits.
Nicolas Queval, Représentant des hôteliers UCHARM
Mais le représentant de l'Union des Commerçants Hôteliers Artisans & Restaurateurs de Megève (UCHARM) voit aussi plus loin. Une fois les saisonniers recrutés et formés, ce travail en commun doit s'attacher à les convaincre de revenir. "Certes vous êtes saisonnier pour pouvoir avoir un tas d’expériences différentes, expose-t-il. Mais on pense qu’on peut fidéliser."
"On peut se créer comme un pool de saisonniers qui changent d'établissement à chaque saison mais reviennent dans notre station", propose-t-il. Et de reconnaître qu'il faudra pour cela s'attaquer aux failles de la station : un coût de la vie important et le "manque d’offre pour une vie de saisonnier". IRL, cette fois.