Témoignages. "Je pensais finir mes jours ici" : les résidents d’un camping priés de quitter les lieux avant expulsion

Publié le Écrit par Olivia Boisson et Serge Worreth

En Haute-Savoie, les résidents sédentaires du camping "L’Horizon Bleu" de Cluses ont l’obligation de quitter les lieux avant le 31 décembre 2024. En effet, la municipalité a décidé de reprendre le site afin de le réhabiliter et de lui "redonner une vocation touristique".

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"Cela fait un peu plus de vingt ans que je vis ici" explique René, propriétaire d’un mobil-home au camping L’Horizon Bleu situé à Cluses, en Haute-Savoie, expliquant l’avoir acheté à l’époque pour en faire un chalet. "Chaque année, je faisais un peu de travaux pour l’améliorer" poursuit-il, affirmant payer 200 euros de loyer chaque mois pour son emplacement.

Je pensais finir mes jours ici.

René, propriétaire d'un mobil-home

"Je dois partir, le cœur serré" poursuit René, qui quittera son chalet dans quelques jours avant de rejoindre un logement social proposé par la mairie de Cluses. "Je l’ai pris car je ne veux pas me retrouver à la rue" affirme le septuagénaire, père d’un enfant âgé de quatre ans, regrettant de se "retrouver avec un loyer de 770 euros par mois pour deux chambres et au cinquième étage d’un immeuble".

La municipalité rachète le mobil-home de René pour un montant de 7 000 euros. "On n’est pas obligé de le faire mais on le fait" affirme Jean-Philippe Mas, maire de la commune depuis six ans précisant attribuer des montants différents "en fonction des moyens des propriétaires et de leurs logements actuels". "Ce n’est pas forcément bien compris mais je l’assume complètement" poursuit l'élu.

Redonner au camping "une vocation touristique"

"J’ai vu l'état du camping se dégrader mais j’espérais qu’un jour, un gérant fasse quelque chose" souffle René qui doit quitter les lieux (comme une trentaine d'autres résidents sédentaires) avant le 31 décembre 2024. En effet, la municipalité a décidé de reprendre ce camping privé en raison de son état d'"insalubrité". "Etant donné que c’est le seul camping de l’intercommunalité, je me suis dit qu’il fallait que l’on agisse pour rendre notre territoire plus attractif et accueillir les touristes de la meilleure façon possible" assure Jean-Philippe Mas.

Réhabiliter le site et "lui redonner une réelle activité de camping" sont les objectifs de l’édile, "les résidents sont propriétaires de leurs logements mais pas du terrain, ce qui est illégal dans le code du tourisme" explique-t-il, affirmant "les reloger en priorité dans les locatifs sociaux".

Jean-Philippe Mas évoque également des "raisons de sécurité". "Nous avons retrouvé des poêles à bois dans des mobil-home tout en bois avec des foyers parfois ouverts" affirme l’élu. Au 31 décembre prochain, "les contrats de location d’occupation du sol ne seront pas reconduits" et une candidature sera lancée par la municipalité pour une délégation de service public. "On sait que trois groupes nationaux sont intéressés" précise le maire de la commune.

Un avenir incertain

"On a trouvé quelque chose à peu près abordable car les loyers ici sont extrêmement chers" explique Patricia, dont l’époux a acheté un mobil-home il y a 13 ans pour venir travailler dans la région. Si le couple a trouvé un autre logement, Patricia affirme quant à elle qu'aucune solution n'a été proposée par la mairie "pour l’instant".

"Quand on a acheté ce mobil-home, il était très abîmé. On l’a isolé, refait l’intérieur et l’extérieur tout en installant des panneaux solaires sur le toit" poursuit-elle.

On ne sait pas ce que vont devenir tous ces investissements.

Patricia, propriétaire d'un mobil-home

Patricia confie vouloir peut-être déplacer son mobil-home dans un autre lieu, avec regret. "Tout le monde se connaît ici" sourit-elle, vantant l’aspect convivial de ce camping, "un petit coin de paradis" selon certains, dont une page se tournera définitivement d’ici quelques mois.

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