Les opérateurs téléphoniques se sont engagés à réduire la fracture numérique dans les zones rurales, promettant la généralisation de la 4G. Mais l'antenne relais qui doit être prochainement mise en service à Challonges soulève la colère d'une partie des habitants qui demandent l'abandon du projet.
Le mât d'acier de 44 mètres de haut ne passe pas inaperçu dans le paysage. La future antenne relais de Challonges fait débat parmi les 550 habitants de ce village de Haute-Savoie. Eliane Ollive habite à quelques centaines de mètres de l'installation qu'elle voit depuis la terrasse de sa maison.
"C'est horrible", se désole-t-elle. "On est là depuis 20 ans (...) et depuis deux ou trois mois, il y a cette antenne qui dépasse tous les arbres, comme une verrue dans le paysage. Je vais tout le temps me promener là-bas et à chaque fois, je me sens mal."
Comme d'autres habitants, Eliane questionne le bien-fondé de cette future antenne relais qui s'inscrit dans le cadre du "New deal" de la téléphonie engagé par le gouvernement en janvier 2018. Ce plan comprend une série d'engagements des opérateurs pour accélérer la couverture des territoires, dont la généralisation de la 4G sur l'ensemble des réseaux.
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Danger pour la santé ?
Quelque 2 500 antennes relais ont déjà été installées en zone blanche sur les 4 000 sites retenus par le gouvernement. La future installation Challonges permettra de relier les 550 habitants du village à la 4G. Sous l’équipement encore hors service, le réseau est pourtant correct. Les opposants ont lancé une pétition en ligne qui a recueilli plus de 10 000 signatures, dénonçant un projet qu'ils jugent inutile.
"Cela ne nous paraît pas essentiel d'avoir une nouvelle antenne, sachant qu'il y en a d'autres dans les communes alentours", estime Aurore Candau, membre de l'association S'aime ta graine. "Notre crainte, c'est d'être entouré d'antennes et de ne pas pouvoir échapper à ce qui, pour moi, devrait être considéré comme un problème de santé publique."
Les opposants affichent leurs préoccupations sanitaires en s'appuyant sur des études de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les ondes électromagnétiques. Celle-ci considère qu'il subsiste "un peu d'incertitude" sur les dangers de l'exposition aux champs électromagnétiques, bien qu'un grave danger apparaisse "improbable" au vu des nombreuses études scientifiques publiées.
"Ça pose question. (...) On n'a pas le droit d'imposer des choses qui sont de l'ordre de la santé publique, de choses intimes", abonde Romain, ferme opposant au projet, qui déplore le manque de concertation.
Une question d'"intérêt général"
L'équipe municipale de Challonges met en avant la consultation publique menée au printemps dernier, offrant la possibilité aux habitants de prendre connaissance du dossier. "Pour moi, c'est de l'intérêt général", argue la maire (SE), Sophie Colas.
"On est dans un petit village mais il y a des entreprises, des gens qui travaillent et ils ont le droit d'avoir le même réseau que tout le monde, d'autant plus avec le télétravail", complète l'édile, estimant qu'une majorité "silencieuse" reste favorable au projet.
L'antenne relais de Challonges sera-t-elle finalement mise en service d'ici à la fin de l'année, comme prévu ? Les opposants annoncent le dépôt d'un recours devant le tribunal administratif. Il reviendra donc à la justice de trancher dans ce dossier.