Un été pas comme les autres, pandémie oblige, pour tous les Français d'origine étrangère. Les vacances ne seront pas synonymes de retrouvailles familiales pour ces Haut-Savoyards à l'heure de la fermeture des usines, fin juillet.
Rendez-vous au café des consolations ce mercredi 22 juillet pour Alkan, Halit et leurs amis. Tous ont l'habitude de retrouver leur famille lors des vacances d'été mais cette année, tout a été bousculé par la crise du coronavirus. Pour eux, le début des vacances a un petit goût amer.
"Toute ma famille est là-bas, j'aimerais bien les voir comme chaque année, raconte Halit, Français d'origine turque installé en Haute-Savoie depuis trois décennies. Le problème, c'est que c'est dangereux. Au retour, c'est possible aussi que l'Europe ferme ses frontières."
Pour la première fois, Halit va devoir faire une croix sur ses vacances au pays, comme de nombreux habitants du quartier qui sont installés dans la vallée. A Cluses, sur les 18 000 habitants, 20% sont d'origine étrangère et travaillent dans les usines de décolletage. D'ici la fin du mois, elles vont fermer leurs portes.
"Cette année, c'est exceptionnel parce qu'on n'avait pas de travail, on a été arrêtés jusqu'à maintenant. Là, niveau activité, ces 15 derniers jours, l'automobile nous relance un petit peu donc on fait ce qu'on a à faire et on part en vacances", explique Patrick Romand qui travaille dans une usine de décolletage.
Un rituel entravé
Adel Kalouau, employé dans cette même usine, ne rejoindra pas sa ville natale de Tabarka en Tunisie cette année. "Normalement, j'avais réservé pour la semaine prochaine", raconte-t-il, déçu. Le retour au bled est un rituel auquel ces Français d'origine étrangère ne dérogeaient pas. L'occasion, souvent, de retrouvailles particulièrement festives.
Dans les quartiers, les chargements ont disparu des toits de voitures. "Normalement, tout le monde est dehors. Entre voisins, tout le monde s'aide à charger le porte-bagages. Mais là, il n'y a rien du tout, on est tous là, constate Sonia Salmi qui vit à Cluses. On n'a même pas de place pour se garer !"
Bien décidés à ne pas s'ennuyer cet été, la base de loisirs de Thyez pourrait bien remplacer la plage de Tabarka pour ces vacanciers dont les projets ont été contrecarrés par la crise sanitaire.