Didier Bovard s'est lancé le défi de rallier l'archipel des Canaries à New York en hydrocycle, une embarcation à pédales qu'il a lui-même construite. Sa traversée de l'Atlantique a été écourtée alors qu'il touchait au but. Le Haut-Savoyard va raconter son périple dans un carnet de bord.
Une drôle d'embarcation pour une aventure un peu folle. Didier Bovard n'en est pas à son coup d'essai à bord de son emblématique hydrocycle My Way, un hybride entre bateau et pédalo construit par ses soins. L'aventurier de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) a parcouru quelque 29 000 km à son bord sur les mers froides et chaudes de cette planète.
Son dernier défi, relier New York depuis l'île de Hierro, dans l'archipel des Canaries, en Espagne. Un périple en solitaire de 137 jours à travers l'Atlantique, sa troisième traversée au rythme de 10 heures de pédalage par jour. "C'était vraiment la galère", sourit-il, rappelant qu'il lui avait fallu 88 jours pour réaliser la même traversée au cours d'un précédent périple.
"La traversée a duré 126 jours [jusqu'à Porto Rico, NDLR] et après, pour moi, c'était du bonus. C'était une deuxième traversée pour remonter sur New York. Et là, au bout de 137 jours, les gardes-côtes m'ont dit qu'il fallait absolument que j'embarque sur un cargo parce qu'une grosse tempête tropicale arrivait", explique Didier Bovard, un brin "déçu" de n'avoir pas pu achever son aventure en hydrocycle.
De mésaventure en mésaventure
"Quand je fais un projet, j'aime bien arriver au bout. Mais il faut aussi se dire que la vie est plus importante", relativise l'aventurier. "J'ai déjà vécu 36 heures dans une grosse tempête, on voit sa vie défiler. Il fallait qu'on soit sage". Le point d'orgue d'une traversée ponctuée de mésaventures.
Avant de prendre le large depuis les Canaries, Didier Bovard avait déjà pédalé - sur terre cette fois - entre Paris et Sagres, au sud du Portugal. Arrivé sur l'île de Hierro en hydrocycle, le Haut-Savoyard a essuyé de nombre faux départs à cause de la météo ou faute de place dans le port.
C'était comme si j'étais devenu un homme primitif et un animal sauvage.
Didier Bovard, aventurier originaire de Thononà France 3 Alpes
De sa traversée écourtée, il retient les rencontres avec de nombreux animaux sauvages, dauphins et autres goélands. Mais aussi les heures passées à siffler du Elvis Presley seul dans sa cabine. "C'était comme si j'étais devenu un homme primitif et un animal sauvage, j'étais entre les deux. Quand je rentrais dans ma couchette, c'était comme si je rentrais dans ma caverne", se rappelle-t-il.
"Revenir à la surface en me plongeant dans l'écriture"
"Je ne pensais pas tenir autant", résume Didier Bovard, assurant que cette traversée sera son dernier projet "extrême". Lui compte désormais écrire et faire éditer les carnets de bord de ses nombreuses aventures. "J'essaye de revenir à la surface en me plongeant dans l'écriture."
Des récits ponctués d'anecdotes, de "coups de gueule" et de drôles d'histoires dont son éditeur Bernard Paccot raffole. "Quand il y a un Didier qui se trouve en panne au milieu de l'Atlantique et que, par deux fois, il pédale mais ça n'avance plus. Après avoir bien recherché dans ses rouages, finalement, il plonge sous la coque et il voit des morceaux de plastique qui bloquent son hélice, c'est quelque chose d'assez significatif", raconte le directeur des éditions l'Astronome.
Ecologie douce et aventure à la Jules Verne, voilà en quelques mots ce que Didier Bovard raconte dans ses carnets de bord à suivre dès septembre prochain. A moins que l'insatiable globe-trotter soit déjà reparti.