Avec son dernier film "Les Étoiles de la Terre", sorti début décembre sur YouTube, le freerider professionnel Victor Galuchot allie ski sur pentes raides et alpinisme au service d'un message environnemental : la fonte des glaciers et ses conséquences sur les pratiques en montagne.
"Les Étoiles de la Terre", ce sont les glaciers. Ces masses de glace menacées par le réchauffement climatique sont au cœur du dernier film de ski de Victor Galuchot, un documentaire de 26 minutes mis en ligne début décembre sur YouTube.
Du ski de haute voltige, mais pas que. À travers ce documentaire plein de poésie, le freerider professionnel a voulu témoigner des conséquences du réchauffement climatique sur sa discipline."Ça faisait déjà quelques années que j'avais eu cette prise de conscience. Le format que je dénonce, c'est le format qu'on nous vendait et auquel j'ai participé pendant un temps. C'était de voyager partout dans le monde en avion pour faire du ski sur les plus grosses montagnes après avoir été héliporté. Mais en quelque sorte, ça revient à couper la branche sur laquelle on est assis."
Ces fontes des glaciers, ces neiges qui deviennent de plus en plus rares... Victor Galuchot en a été témoin depuis son plus jeune âge passé dans la vallée des Belleville en Savoie. "Enfant, j'apprenais à faire du ski sur un glacier, qui était ouvert l'été. Quand j'étais adolescent, c'était devenu impossible, il avait fermé."
Un film sur deux ans
Désormais, le Savoyard a changé sa pratique. Avec "Les Étoiles de la Terre", il veut montrer une facette du ski, entre alpinisme et descente sur des pentes raides, jamais loin de chez lui. "Il y a une différence entre consommer la montagne et la vivre. En tant que skieur, j'ai désormais un sentiment d'accomplissement quand je grimpe moi-même la montagne, sans hélicoptère, sans voiture, avec mes propres moyens. Mon aventure commence quand je quitte le pas de ma porte."
"Le métier de freerider devient de plus en plus compliqué. On est témoin des changements climatiques. De mon vécu, j'ai observé qu'il y avait moins de cumuls de neige, plus de vent, un isotherme qui remonte d'année en année. Les contrastes entre le chaud et le froid d'une journée à l'autre sont de plus en plus fréquents. Les conditions pour skier ne sont donc pas toujours optimales", poursuit-il.
Son film en a subi les conséquences. Victor Galuchot avait prévu de le réaliser sur un an. Mais les conditions météorologiques à l'hiver 2022 ont fortement modifié ses plans."J'ai finalement mis deux ans à le sortir. La première année, j'étais parti en Suisse (en train, précise-t-il) pour skier sur des faces à plus de 4 000 mètres d'altitude. Mais les conditions étaient tellement difficiles qu'on a dû renoncer à pas mal de sorties. Mais ça apporte au film. Ça montre que, même avec la meilleure énergie, on ne peut parfois pas lutter face aux éléments."
Avec ce film de ski pas comme les autres, Victor Galuchot veut sensibiliser à la fois les skieurs professionnels sur leur pratique, mais aussi le grand public : "Les glaciers reculent d'année en année. Si pour beaucoup ce sont des lieux inaccessibles loin de leur quotidien, il faut rappeler qu'ils irriguent nos rivières, servent à l'arrosage de nos cultures, refroidissent nos centrales électriques... Ce sont nos réservoirs d'eau."