Plus d’un siècle après sa construction, des travaux sont en cours au Nid d'Aigle, à Saint-Gervais (Haute-Savoie) pour prolonger les voies du tramway du Mont-Blanc conformément au projet de ses créateurs. Un chantier "colossal", mené à 2 400 m d’altitude.
C'est le train à crémaillère le plus haut de France : pour parvenir jusqu’au Nid d’Aigle, le tramway du Mont-Blanc (TMB) parcourt près de 1800 m de dénivelé depuis la gare du Fayet, à Saint-Gervais. Ce mercredi 11 octobre, la liaison n’est opérée que pour les besoins du chantier qui se déroule à l’arrivée, au pied de la voie normale du Mont-Blanc. Depuis cet été, trois entreprises locales s’affairent au prolongement de la voie ferrée et à sa sécurisation contre les risques de chutes de pierres et d’avalanche.
"On est surtout dans de la moraine, souligne Yoann Bottolier, foreur spécialisé dans les terrains de montagne. C’est assez délicat parce que c’est un mélange de blocs, de sédiments. C’est assez compliqué à forer." D’autant que pour ces travaux préliminaires au creusement d’une nouvelle galerie, la course contre l’hiver est lancée : "On va faire le maximum avant la neige et puis on continuera l’année prochaine."
Achever un projet vieux d'un siècle
Au cœur du projet, l’ajout de 280 mètres de voies doit permettre de déplacer la plate-forme d’arrivée, actuellement située sur une pente à 24 % avec un pas à franchir pour les voyageurs qui rend le site inaccessible aux personnes à mobilité réduite. "On poursuit ce que les pionniers avaient réalisé", appuie Damien Girardier, chef d’exploitation pour la Compagnie du Mont-Blanc, concessionnaire du tramway. Une ligne inaugurée en 1909 avec des trains à vapeur et qui a permis depuis à de nombreux alpinistes de se lancer dans l’ascension du toit de l’Europe, mais restée inachevée.
Toute l’idée du projet (…) c’est de finir cette voie qui n’avait pas été terminée depuis 1914. Les travaux s’étaient arrêtés avec la guerre et le manque de financements.
Damien Girardier, Chef d’exploitation - Compagnie du Mont-Blanc
Limitation des rotations d’hélicoptère, étude d’impact, replantation d’espèces locales : l'intégration doit se faire "le plus proprement possible", insiste-t-il, l’œil sur le glacier de Bionnassay en surplomb. Le projet originel envisageait de faire monter le tramway jusqu’au sommet du Mont-Blanc. "On n'ira plus faire ça aujourd’hui, reconnaît Martial Saddier, président du Conseil départemental de la Haute-Savoie, mais de le sécuriser définitivement, de le moderniser tout en respectant l’environnement, c’était normal qu’on le fasse."
Investissement sur 50 ans
Un chantier "colossal" pour le département qui annonce un investissement d'environ 100 millions d’euros. "La Bretagne a le Mont-Saint-Michel [sic], Paris a la Tour Eiffel… Ici, on a un site du même niveau !", argumente l’élu, qui ajoute : "C’est vraiment une volonté de le préserver, de préserver l’environnement et d’en faire une vitrine parce qu’ici, les gens vont pouvoir toucher du doigt le réchauffement climatique avec les glaciers qui souffrent."
Le prolongement des voies devrait s’achever en 2025. Ensuite s’ouvrira une seconde phase de travaux pour aménager le refuge également racheté par le département. La collectivité espère un amortissement sur 50 ans. Chaque année, 130.000 visiteurs accèdent aux portes de la haute montagne grâce au tramway du Mont-Blanc. Une fréquentation qui s’érode depuis une décennie.