Le prix Nobel de la paix et ancien président israélien Shimon Peres est décédé cette nuit à l'âge de 93 ans. Il était en visite officielle à Lyon le 12 mars 2008. Myriam Figureau, journaliste à France 3, nous raconte l'hommage rendu par le président d'Israël à Jean Moulin: une seconde d'éternité.
Nous sommes le 12 mars 2008. Le centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, ancien siège de la Gestapo, est en état de siège pour accueillir Shimon Pérès, président de l’Etat d’Israël et surtout l’un des pères fondateurs de la nation.
Une visite sous haute surveillance : un hélicoptère survole le bâtiment, les services de sécurité israéliens sont présents et seuls deux photographes et une équipe de télévision, celle de France 3, ont été autorisés. La visite dans la collection permanente commence. Nous ne devons pas approcher à moins de 3 mètres de Shimon Pérès sous peine de se voir repousser fermement par les agents assurant sa sécurité, lampe torche à la main.
Le Prix Nobel de la Paix se montre autant intéressé par la partie de l’exposition concernant la Shoah que par celle qui évoque la résistance à Lyon. Shimon Pérès est en effet arrivé en Israël avec sa famille en 1934 venu de Pologne et s’il a échappé ainsi à la déportation, il a résisté à l’occupation britannique en Palestine avant la création de l’Etat d’Israël. Il interroge la directrice du CHRD le plus souvent en français et comprend sans traduction ses réponses.
Et puis vient ce moment, à la fin de la visite. De retour à l’accueil du CHRD, Shimon Pérès s’arrête devant le buste de Jean Moulin : « C’est Jean Moulin ? » demande-t-il en français. « Oui, c’est Jean Moulin » répond Isabelle Doré-Rivé. Il s’immobilise alors devant la figure de la résistance française, semble lui parler. Le silence dure une éternité. 22 secondes d’ un hommage muet.
