Les salariés de Photowatt, un des derniers fabricants français de panneaux photovoltaïques basé à Bourgoin-Jallieu (Isère), sont concernés par un projet de cession. Propriété d'EDF Renouvelables, l'entreprise pourrait être cédée à un euro symbolique à Carbon dans le cadre d'un projet "peu crédible", selon les syndicats.
Près d'une centaine de salariés et des représentants syndicaux de Photowatt, un des derniers fabricants français de panneaux photovoltaïques, ont fait part de leurs inquiétudes, ce vendredi 20 septembre, après l'annonce d'un projet de cession.
Propriété d'EDF Renouvelables, l'entreprise iséroise, basée à Bourgoin-Jallieu, pourrait être cédée à un euro symbolique à la société Carbon, créée en 2022 dans les Bouches-du-Rhône.
Pour Yannick Delorme, élu CFE-CGC du CSE de Photowatt, le "business plan" proposé par Carbon, qui porte un projet de giga-usine à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), est "vraiment peu crédible", alors que l'entreprise projette de posséder 50 % des parts du marché français d'ici 2025-2026.
"C'est une start-up, ils n'ont aucune connaissance du métier", a taclé de son côté un technicien de production âgé de 53 ans pour qui la cession à Carbon n'est qu'un "licenciement caché". "On a l'impression que c'est du vent ce projet. On est inquiets", "on ne sait pas trop où on va. Ils nous disent des choses, mais on n'y croit pas", ont fait part d'autres salariés.
De potentielles embauches en 2026
Photowatt souffre depuis longtemps de la concurrence chinoise. EDF Renouvelables avait repris l'entreprise, en redressement judiciaire, en 2012. L'entreprise avait progressivement fermé des ateliers pour se concentrer sur les plaquettes de silicium à la base des cellules de panneaux solaires.
Le projet de reprise de Photowatt prévoit un plan d'investissement de 40 millions d'euros pour devenir le leader du panneau solaire dans le secteur résidentiel français. Ainsi, la production pourrait atteindre un million de panneaux solaires par an. Soit dix fois plus qu'aujourd'hui.
Le projet d'accord prévoit le maintien des 170 emplois pendant 24 mois, avant de potentielles embauches : "Sur le secteur résidentiel, il y a des prix qui peuvent absorber le différentiel de coût. Nous nous engageons à maintenir tout l'emploi pendant deux ans. Normalement, à la fin de l'année 2026, on pourra monter l'emploi de 170 à environ 200 personnes", explique Nicolas Chandelier, directeur général de Carbon.
"Une crise du solaire se profile"
Mais pour les syndicats, il n'y a aucune garantie : "Carbon annonce des ventes en hausse, alors qu'une crise du solaire se profile. (...) Les prix de l'électricité vont baisser en 2025, donc les Français vont installer moins de panneaux solaires", estime Barbara Bazer-Bachi, secrétaire CFE-CGC du CSE. "Il y a des garanties qui ne sont pas suffisantes comparées aux risques de ce projet. C'est un projet très risqué qui repose sur des hypothèses farfelues."
Présent sur place, le sénateur écologiste Guillaume Gontard a appelé à "ralentir ce projet fait à la va-vite" : "Si on a l'ambition de mettre en place une vraie filière photovoltaïque à l'échelle française et européenne, on peut prendre un à trois ans." L'élu a également demandé "des garanties financières de l'Etat pour structurer cette filière française du photovoltaïque".
Carbon promet de continuer les discussions avec les salariés pendant deux mois. Puis, le CSE de Photowatt devra donner son avis consultatif sur le projet le 21 novembre prochain, date à laquelle la reprise doit être actée.