Convention pour le Climat : qui est Christine Aranega, l'Iséroise qui a interpellé "sans filtre" Emmmanuel Macron ?

Lundi 14 décembre, Emmanuel Macron a débattu avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat. Parmi eux, Christine Aranega, habitante de l’Isère, n’a pas hésité à interpeller directement le président de la République pour lui demander de prendre des "décisions fortes".

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 "Vous avez l'occasion de rentrer dans l'Histoire en prenant des décisions fortes. Alors, osez, monsieur le président!". À peine la rencontre débutée, Christine Aranega, 53 ans, a directement interpellé Emmanuel Macron. Originaire de Theys, en Isère, cette médecin en Protection Maternelle et Infantile voulait lui faire part très rapidement de sa déception. "Nous constatons que les mesures que nous proposions sont toutes amoindries. Comment, en minorant nos propositions, vous pensez atteindre un objectif qui est aujourd’hui 15 % supérieur à celui sur lequel nous avons travaillé ?", a-t-elle lancé, en référence au nouvel objectif climatique de l'Union européenne, supérieur à celui de 40% fixé à la Convention.

Lundi 14 décembre, à l’occasion de la rencontre entre le Président de la République et les membres de la Convention citoyenne pour le Climat (CCC), Christine est la première à avoir pris la parole.

 

"Sans filtre"

 

Pendant plus de neuf mois, elle a travaillé avec les 149 autres membres de la convention pour faire des propositions visant à réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France "dans un esprit de justice sociale". Après des heures de travail, le groupe a accouché de 149 propositions concrètes. En juin, le Président s’était engagé à reprendre "sans filtre" 146 des 149 propositions. Mais depuis, les citoyens tirés au sort ont regretté le manque de "soutien clair" de l'exécutif à leurs propositions. "C’était un peu stressant de prendre la parole devant Emmanuel Macron mais j’avais à cœur de lui dire tout ça, reconnaît l’Iséroise. J’ai ouvert le bal, je suis la première à avoir parlé mais ça a permis de lancer le débat. J’en suis très contente".

Comme elle, de nombreux membres de la convention accusent le gouvernement d’avoir détricoté leurs propositions. Après ce débat qui a duré plusieurs heures, Christine Aranega se dit "déçue" de voir que certaines mesures ont été "amoindries". Aux côtés des autres membres de la convention, elle avait par exemple proposé une taxe pour les véhicules de plus de 1400 kilos. Le gouvernement a retoqué cette proposition, préférant mettre en place un malus pour les voitures de plus de 1800 kilos. "Ça représente trois voitures en France, se désole l’Iséroise. Nous, on ciblait les grosses voitures que tout le monde a pour aller au travail et qui polluent pour rien. Nos mesures sont amoindries, elles ne sont plus efficaces".

 

Les Français au coeur du débat

 

Laissant parfois la parole aux sept ministres présents, Emmanuel Macron a justifié sa politique tout en insistant sur le rôle que peut jouer chaque Français. "Je crois dans la puissance des citoyens", a-t-il affirmé, en citant la populaire application nutritionnelle Yuca. Mais, a-t-il mis en garde, "les choix pris pour l'écologie doivent être acceptables pour les Français", rappelant que la Convention citoyenne étaient "justement née parce que la taxe carbone n'avait pas été acceptée par nos concitoyens", débouchant sur la crise des "gilets jaunes".

Pour Christine, cet argument n’est pas recevable : "Je pense que si on explique les choses aux Français, ils pourraient les accepter".  Au lendemain du débat, elle regrette que l’exécutif n’ait fait que peu de concessions, comme les chèques alimentaires pour les plus démunis et l’organisation d’un référendum pour ajouter la lutte contre le dérèglement climatique à la Constitution. "Il n’y a pas eu d’avancée réelle mis à part l’annonce du référendum. Il y a quelques arbitrages encore sur la loi climat. Est-ce qu’il va faire quelques avancées ? Je l’espère."

Une partie des propositions de la CCC doivent être prises en compte dans le projet de la loi climat, attendue fin janvier, avec certaines mesures emblématiques encore dans la balance, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une limitation de la publicité.

"Mais ils sont restés sur leurs positions, ajoute Christine à propos du gouvernement. Ils ont l’air très contents de ce qu’ils font. Mais pour moi, ce n’est pas assez pour atteindre les objectifs. Emmanuel Macron a reconnu qu’il fallait faire plus pour atteindre les objectifs de réduction de 55% des gaz à effets de serre mais il n’a pas dit comment. Attendons de voir mais je ne suis pas très optimiste".

Le travail de l’Iséroise au sein de la convention est loin d’être terminé. En février 2021, une fois que le projet de loi climat aura été déposé, les membres se réuniront pour une huitième session de travail. "A ce moment-là, on fera une réponse commune au gouvernement pour dire si on est satisfait ou non, explique-t-elle. Puis on devrait être associés aux travaux des parlementaires".

 

Une expérience inoubliable

Malgré quelques déconvenues, Christine s’estime chanceuse d’avoir pu participer à ces travaux "très intensifs" avec la Convention. "Ça nous a permis de nous former sur le réchauffement climatique, de devenir un peu des experts, ça nous a convaincu qu’il fallait faire des propositions fortes. C’était assez exceptionnel car on a réussi à avoir un consensus sur toutes nos propositions alors qu’au départ on avait des idées très différentes".

Dès le mardi matin, la quinquagénaire a quitté Paris pour regagner son petit village situé dans le massif de Belledonne. Avec un goût d’inachevé, certes, mais surtout avec la fierté d’avoir pu exprimer "sans filtre" ce qu’elle avait sur le cœur.

 

 

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