Le Rhône a atteint sa cote d'alerte à la frontière entre le Nord-Isère et l'Ain mercredi matin. Pour écarter tout risque d'inondation sur la métropole lyonnaise, la plaine du Bouchage, vaste étendue autour de cinq villages, a été inondée.
Face à la montée des eaux du Rhône à cause de la pluie et de la fonte des neiges, la décision a été prise d'inonder la plaine du Bouchage, dans le Nord-Isère. Le fleuve a atteint sa cote d'alerte de 205,95 cm ce mercredi 13 décembre à 7 heures avec un débit dépassant 1 700 m3/s, soit 100 de plus que son seuil d'alerte.
Une vanne de la station de pompage de Brangues a donc été ouverte pour déverser les eaux. Les cinq communes du Bouchage, des Avenières-Veyrins-Thuellin, de Brangues et de Groslée-Saint-Benoit sont concernées. Deux cellules de crise ont été activées dès mardi avec la préfecture de l'Isère, les pompiers et les gendarmes.
"On suit, heure par heure, l'évolution de la situation pour envisager si cela s'impose une évacuation des habitants", indique la maire du Bouchage, Annie Pourtier, selon qui "le pic de la crue (devrait être) atteint dans la soirée". Les premières mesures de prévention et de protection ont été prises par la maire de la commune dont 98 % du territoire se situe en zone inondable.
"Nous demandons aux habitants d'évacuer leur véhicule de façon à ce qu'ils ne soient pas prisonniers des eaux. Cette évacuation se fait sur des communes proches du Bouchage qui ne sont pas concernées par le risque d'inondation. Une plateforme peut également les recevoir", complète l'édile. L'école de la commune a également été fermée jusqu'à nouvel ordre.
Les habitants sur le qui-vive
Les précédentes crues de 2018 et surtout 1990 sont dans les mémoires de tous les habitants. Sébastien Bonnassiat, dont la ferme familiale a subi de grosses inondations il y a 30 ans, reste sur le qui-vive. "Il faut mettre le matériel en hauteur et si l'eau arrive, on peut faire monter les vaches sur la butte à l'arrière de l'exploitation", explique l'agriculteur.
La plaine de 2 500 hectares frontalière du département de l'Ain permet, lors des fortes crues du Rhône, de mettre à l'abri des inondations la métropole lyonnaise. Plusieurs routes départementales, dont la RD33C sur la commune de Brangues, ont d'ores et déjà été coupées à la circulation pour une durée indéterminée.
L'Isère reste placée en vigilance orange pour risque de crues. "Sur les dernières 24 heures, les cumuls atteignent 30 à 50 mm de manière assez étendue sur les bassins alpins, localement 60 à 70 mm", note Météo France dans son bulletin.
En attendant la décrue, le Rhône va continuer de se déverser sur la plaine du Bouchage. Jeudi, les précipitations baisseront en intensité permettant aux cours d'eau de stabiliser leur niveau, selon Vigicrues, "voire s'orienter à la baisse durable".