La cimenterie Vicat en Isère a lancé une expérience inédite en Europe : afin de décarboner son activité, l’entreprise utilise ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) pour cultiver de la spiruline, une microalgue, connue comme complément alimentaire.
Pour la première fois en Europe, une cimenterie produit des microalgues. Cette expérience, baptisée "Cimentalgue", se déroule à Montalieu-Vercieu en Isère, dans la cimenterie Vicat, l'une des plus grosses d'Europe.
Depuis 2 ans, la chaleur et le gaz carbonique produits par le four de la cimenterie permettent de cultiver de la spiruline, une microalgue bien connue comme complément alimentaire.
La spiruline, une algue friande de CO2
Le processus est simple : dans un four géant, Vicat cuit du calcaire pour en faire du ciment, et ce calcaire chauffé à plus de 1400 degrés libère beaucoup de CO2, de gaz carbonique. Le gaz et la chaleur sont acheminés vers des serres où sont cultivées les microalgues. Dans ce circuit fermé, la spiruline croît et se multiplie.
"L’eau chaude et les gaz que l’on va avoir grâce à la cimenterie, vont permettre d’avoir les conditions de culture idéales pour la spiruline. Elle pousse à 35 °C donc il faut un peu chauffer cette algue. Le CO2 va servir aussi de source de nutriment pour cette microalgue, sous forme de carbone qu’elle consomme", explique Maxime Laheurte, responsable d’exploitation "Cimentalgue".
Décarbonner l’activité de la cimenterie
Cette algue microscopique, 1 000 fois plus petite qu’un millimètre a notamment des qualités nutritionnelles. Vicat veut tester d’autres procédés pour décarbonner son activité, car la seule spiruline ne suffira pas, même si elle dévore le CO2.
"Là on est sur un pilote qui permet de capter une dizaine de tonnes de CO2 par an, alors que sur le site on est sur des émissions de 700 000 tonnes. À l’avenir, on aura des technologies beaucoup plus matures permettant de capturer une échelle beaucoup plus importante d’émission de CO2 du site", assure Éric Lefebvre, ingénieur procédés innovants chez Vicat.
Le projet "Cimentalgue", a coûté 2 millions d’euros, et a été financé par Vicat, Total et l’Ademe, l’Agence gouvernementale de la transition écologique.