Les conclusions d'un juge enquêteur nommé par le tribunal de commerce de Grenoble doivent être rendues ce lundi 16 janvier pour faire la lumière sur la situation financière de Go Sport. Des représentants de salariés craignent une situation de cessation de paiement, alors que l'enseigne a annoncé l'acquisition de GAP France.
Le distributeur d'articles sportifs Go Sport est-il en cessation de paiement ? Sa direction et son actionnaire s'en défendent, alors que des doutes subsistent pour les représentants de plus de 2 100 salariés. Un juge enquêteur nommé par le tribunal de commerce de Grenoble doit rendre ses conclusions, ce lundi 16 janvier.
Fin décembre, la justice avait donné à un juge enquêteur la mission de "faire un état précis de la situation financière" du groupe et de sa filiale Go Sport France, avec l'aide de ses cabinets d'audit et de ses commissaires aux comptes. L'enseigne étant basée à Sassenage, dans l'Isère, c'est à Grenoble que son dossier est examiné.
Un nouveau patron depuis début janvier
Les dirigeants de Hermione People and Brands (HPB), propriétaire de l'enseigne, martèlent que Go Sport "n'est pas en état de cessation de paiement" et que sa situation n'a rien à voir avec celle du Nordiste Camaieu, liquidé de manière abrupte fin septembre. Après "17 années de pertes", Go Sport, fondé en 1978, doit renouer avec les bénéfices "dès 2023", assurent-ils.
Le 3 janvier, ils ont annoncé l'arrivée à la tête de l'enseigne d'un spécialiste en restructuration d'entreprises en difficulté, Patrick Puy, auparavant patron du fleuron déchu du textile Vivarte (Caroll, Minelli, La Halle, Naf Naf, Chevignon...) ou encore de Brandt-Moulinex, surnommé le "cost killer de choc" par le quotidien L'Humanité en 2017. Sa mission : "poursuivre la nécessaire transformation" de l'entreprise, dixit HPB.
"Ne pas revivre un deuxième Camaieu"
Les salariés de Go Sport, et surtout leurs représentants syndicaux ainsi que le comité social et économique central (CSEC), se sont récemment inquiétés de la situation du distributeur : des commissaires aux comptes et un expert mandaté par ce CSEC avaient fait des constats sévères.
Ils avaient estimé que l'entreprise était en cessation de paiement sur la période octobre-novembre et s'étaient alarmés d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers HPB. Le CSEC espère "que la lumière sera faite".
J'espère qu'on saura exactement ce qui se passe chez nous. Une chose est sûre : on ne veut pas revivre un deuxième Camaieu et je pense que ni l'Etat ni la justice ne le veulent non plus.
Un syndicaliste CGT de Go Sport.
"Il y a des choses qui nous échappent" sur la situation économique du groupe, a estimé mercredi auprès de l'AFP un délégué du premier syndicat de Go Sport, la CGT, sans vouloir être cité nommément.
"J'espère qu'on saura exactement ce qui se passe chez nous. Une chose est sûre : on ne veut pas revivre un deuxième Camaieu et je pense que ni l'Etat ni la justice ne le veulent non plus", poursuit ce syndicaliste.
Selon lui, la mission de Patrick Puy est de trouver un repreneur à Go Sport plutôt que de redresser le groupe. "Des repreneurs potentiels, il doit y en avoir - après, on ne sait pas sous quelles conditions, par exemple si l'ensemble du parc magasins serait repris", s'inquiète-t-il.
Un rachat de GAP qui inquiète ?
Autre motif d'inquiétude : HPB a annoncé jeudi "l'acquisition de GAP France par Go Sport", une opération présentée l'avant-veille "auprès des CSE extraordinaires des deux entreprises", précise un communiqué. Celle-ci a "pour objectif de renforcer l'activité Lifestyle et Sportwear de ces deux marques de HPB, tout en préservant des stratégies spécifiques".
Le montant de ce rachat, 38 millions d'euros, "laisse perplexe car il n'y a pas de clarté sur la valorisation de GAP, qui connaîtrait aussi des difficultés", a dit jeudi à l'AFP l'avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, Evelyn Bledniak.
Quant à l'opération elle-même, elle "interroge tout le monde" car HPB avait justifié la ponction sur la trésorerie de Go Sport par la nécessité de financer "une opération de croissance externe", dit-elle. Or "c'est une opération interne au groupe HPB. On peut dès lors se poser légitimement des questions sur la façon dont HPB a cherché à couvrir ou régulariser les sommes" transférées.
Avec AFP