L'incendie, qui a ravagé des locaux techniques dans la caserne de la gendarmerie de l'Isère à Grenoble dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 septembre 2017, a été revendiqué jeudi sur un site anarco-libertaire, déjà utilisé pour des faits similaires perpétrés à Limoges il y a deux jours.
Le texte a été publié ce jeudi vers 13h30 sur une plate-forme internet proche des mouvances libertaires et anticapitalistes.
Intitulé cyniquement "Beau comme un garage entier de gendarmerie qui part en fumée", il revendique officiellement l'incendie qui a ravagé cette nuit le garage de la gendarmerie de Grenoble.
En voici la teneur :
"Ce jeudi, à trois heures du matin, deuxième jour du procès de la voiture brûlée, avons pénétré dans la caserne de gendarmerie Vigny-Musset. Avons incendié 6 fourgons d’intervention et deux camions de logistique. Le garage et l’entrepôt ont été ravagés sur plus de 1500 mètres carrés".
Le procès auquel il est fait référence est celui des incendiaires présumés d'une voiture de police en mai 2016 à Paris lors de manifestations contre la loi travail. Huit prévenus comparaissent depuis mardi et jusqu'à vendredi devant le tribunal correctionnel.
"Cet acte s’inscrit dans une vague d’attaques de solidarité avec les personnes qui passent en procès ces jours-ci. Forte accolade à Kara et Krem. Une pensée pour Damien, récemment tabassé par les flics. Quel que soit l’issue du procès, on continuera à s’en prendre à la police et à la justice. Notre hostilité est un feu qui se propage" conclut le communiqué.
A Limoges, ce sont en effet 5 véhicules du groupement de gendarmerie de Haute-Vienne qui ont été détruits dans la nuit de lundi à mardi. Le texte de revendication avait également été posté en ligne le lendemain. Dans les deux affaires, des enquêtes sous l'égide des parquets ont été ouvertes, confiées aux sections de recherche de gendarmerie.
Une série de dégradations ces derniers mois à Grenoble
C'est sur ce même site internet que plusieurs actes de sabotage perpétrés ces derniers mois ont déjà revendiqués par un groupuscule anticapitaliste.
Le 29 mai 2017, onze véhicules utilitaires d’ENEDIS avaient été incendiés sur le parking de l’entreprise (ex ERDF) rue du Vercors à Grenoble.
Le 11 avril, 185 composteurs-valideurs avaient été mis hors d'usage à des stations de tramways.
Le 8 mars, 7 véhicules de la Métropole de Grenoble avaient été incendiés.
Le 23 mars, c'était 7 véhicules dont 3 du centre communal d'action sociale (CCAS) de Grenoble, accusé de "cogérer la misère".
Enfin, la première action revendiquée avait été le saccage de la permanence Les Républicains (LR) en centre-ville le 21 mars, pour exprimer le "dégoût" de la politique prônée et le rejet des partis "sentinelles d'un ordre marchand".
Un piste prise au sérieux le Parquet
"Cette revendication est une piste très sérieuse même si cela n'exclut pas autre chose", a déclaré à l'AFP Jean-Yves Coquillat, procureur de la République à Grenoble.
D'autant que cet incendie "ressemble aux actions menées ces dernier mois contre des véhicules d'Enedis, de la Métropole, des services sociaux de la ville de Grenoble et qui étaient revendiqués par le même canal", a ajouté le magistrat.
Les enquêteurs de la section de recherches, à qui a été confiée l'enquête diligentée par le parquet de Grenoble, avaient cette hypothèse en tête dès le matin mais "aucune piste n'est fermée", a affirmé à l'AFP le colonel Yves Marzin, commandant le groupement de gendarmerie de l'Isère.
De nombreux techniciens en identification criminelle s'affairaient sur les lieux du sinistre, a constaté l'AFP. Par ailleurs, les enregistrements de caméras de vidéosurveillance balayant ce secteur étaient en cours d'exploitation.
Les incendiaires se sont introduits après avoir découpé le grillage de l'enceinte extérieure de la caserne Hoffner, dissimulés des regards par un petit camion garé sur le trottoir.