Porteur de trisomie 21, Nicolas Virapin est multimédaillé aux championnats du monde d'athlétisme adapté. Il y a quelques jours, la voiture de sa mère a été incendiée. Depuis, difficile pour lui de se rendre à ses entraînements quotidiens. Une cagnotte en ligne a été lancée pour lui venir en aide.
Son nom ne vous dira peut-être rien. Pourtant, Nicolas Virapin est l'une des fiertés du sport adapté tricolore.
A son palmarès : quatre médailles d'or sur 100m, 200m, saut en longueur et triathlon aux Global Games (l'équivalent des Jeux Paralympiques en sport adapté) de 2019. Il a également été triple médaillé d'or sur 100m, saut en longueur et triathlon aux Jeux européens adaptés en 2018.
Pour atteindre un tel niveau, il s'entraîne six jours sur sept. Mais depuis une semaine, c'est à pied ou en transports en commun que le sportif, porteur de trisomie 21, se rend à son club. Car sa mère, Catherine, a retrouvé leur voiture brûlée sur le parking de leur immeuble dans le quartier de la Villeneuve, à Grenoble.
Un quotidien bouleversé
"Quand j'ai vu les flammes depuis mon balcon, j'ai tout de suite pensé à Nicolas, raconte Catherine Virapin. Pour mes déplacements quotidiens, je peux m'arranger. Mais, c'est vraiment embêtant pour ses entraînements."
Depuis, Catherine se débrouille pour emmener son fils sur ses différents lieux d'entraînements. S'il est licencié à l'Amicale Laïque d’Echirolles Sport Adapté (ALESA), il lui arrive aussi de s'entraîner à Meylan ou Eybens. "Nicolas me demande souvent pourquoi on met 45 minutes au lieu de 10 pour arriver à sa salle de musculation", s'attriste-t-elle.
Le problème, c'est que les longues marches épuisent l'athlète de haut de niveau : "Les trisomiques se fatiguent plus vite. Et il faut absolument qu'il se préserve pour ses entraînements". D'autant que Nicolas Virapin vient d'être sélectionné pour les Jeux européens adaptés, qui auront lieu en Pologne en juillet.
"Je n'aurais pas tenu sans cette chaîne de solidarité"
Une histoire parvenue jusqu'aux oreilles de Marie-Noëlle Wattier. La vice-présidente du Comité sportif olympique de l'Isère a décidé de lancer une cagnotte en ligne pour aider Catherine à racheter un véhicule. "C'est un super-méga champion, un gamin brillant sportivement, s'exclame-t-elle. Il fait du 26 km/h sur 200m, son cœur bat à 34 pulsations par minute. C'est une véritable force de la nature."
Lancée ce lundi 6 juin, la cagnotte en ligne s'élève à 560 euros pour l'heure. "L'important, ce n'est pas le montant, mais le soutien moral et le fait que le projet de Nicolas ne tombe pas à l'eau", confie Catherine Virapin.
Pourtant, cette retraitée, qui a dû apprendre à conduire à la mort de son mari, dispose de "revenus très faibles". Mais comme elle le confie, ce n'est pas son "style" de se faire aider. "J'ai traversé des périodes très difficiles dans ma vie et j'ai appris à me battre. Mais j'avoue que ma voiture brûlée, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Je n'aurais pas tenu sans cette chaîne de solidarité."
Mettre en avant le sport adapté
Pour Catherine, c'est aussi une façon de mettre en avant le sport adapté, à ne pas confondre avec le handisport. Le sport adapté est pratiqué par des personnes en situation de handicap mental ou psychique.
/regions/2022/06/08/62a0babf08bbc_160746676-1177957655970358-4258094876639802963-n.jpg)
"Ces athlètes sont très souvent oubliés et très peu participent aux Jeux paralympiques, alors qu'ils s'entraînent comme des malades et qu'ils ramènent des médailles à la France", confirme Marie-Noëlle Wattier, vice-présidente du Comité sportif olympique de l'Isère.
En effet, sur les 4 400 athlètes présents aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, les personnes déficientes mentales représentaient moins de 5 % des sportifs, selon un article du journal Le Monde.
