Pour la quatrième année, les moutons ont pris d'assaut la Bastille au-dessus de Grenoble. Pendant un peu plus d'un mois, ils ont la délicate mission d'entretenir les fortifications. En dévorant herbe et arbustes. Un commando d'élite qui a fait la preuve de son efficacité les printemps passés.
Ils sont de retour à la Bastille, les moutons et les chèvres. Comme le printemps, ils reviennent chaque année. Mais cette fois, il y a du nouveau. Le berger a changé. Xavier Beaufils s'est proposé spontanément à la ville de Grenoble; et depuis hier, son petit troupeau se nourrit entre deux remparts historiques.
C’est en 2014 qu’a officiellement débuté le pastoralisme sur le site de la Bastille. Le service des espaces verts de la ville de Grenoble cherchait depuis longtemps un moyen écologique, et économique, pour entretenir les zones difficilement accessibles par l’homme.
Certaines zones, fossés ou pentes escarpées, manquaient en effet d’entretien. Les broussailles et les onces commençaient à se développer dangereusement, mettant à l’épreuve la solidité de l’ouvrage fortifié.
Depuis 3 ans, différentes races ont été testées : des moutons de Soay, des moutons rustiques provenant du massif de Belledonne, mais aussi les ânes de l’association « Au pas de l’Ane » en Chartreuse.
Ce printemps 2017, le site accueille 4 chèvres du Rove et leur bouc, ainsi qu’une dizaine de brebis Grivette et leur bélier, sous la surveillance de Xavier le berger et de son Patou.
La Chèvre du Rove
Au fil du temps, sous les effets d’une sélection naturelle dans les collines de l’arrière-pays méditerranéen, la chèvre du Rove s'est façonnée. La "brousse", le fromage frais tiré de son lait était jadis le principal revenu des habitants du village du Rove.
La richesse de ce lait donnait des qualités gustatives exceptionnelles. La "brousse" fut une spécialité très appréciée à Marseille et dans ses environs.
Cette race se rencontrait souvent au sein des grands troupeaux ovins de Provence qui, l’été, transhumaient dans les Alpes. Leurs rôles étaient multiples : conduite du troupeau ovin par les menons et les chèvres, allaitement des agneaux doubles ou orphelins, assurance d’une certaine subsistance alimentaire pour les bergers avec le lait de chèvre et la viande des cabris.
Des chèvres de Rove, vous pouvez aussi en voir dans le grand troupeau de Gérard, un berger du Vercors...
Après avoir failli disparaître les effectifs de la Rove ont bien progressé. Longtemps « pourchassée » pour son appétit un peu trop féroce pour les arbres, à l'heure de la déprise agricole la chèvre du Rove retrouve progressivement les faveurs de nombreux élus et même des forestiers. C'est la chèvre idéale pour défricher d'urgence !
Les avantages des races rustiques
Les races rustiques peuvent se contenter d’un pâturage médiocre. En sélectionnant méticuleusement les graminées et les jeunes arbres, les moutons permettent aux autres plantes de s’épanouir. En limitant l’expansion des plantes envahissantes (ronces, lierres, saules), ils contribuent à maintenir un paysage ouvert.
Et en plus leur laine, même grossière, peut être valorisée, offrant de multiples ressources.
Intervenants : Xavier Beaufils Berger, Jacques Ginet Technicien espaces verts de Grenoble
/ Equipe France 3 Alpes Gilles Ragris Franck Céroni
Pour rencontrer le berger et son troupeau
Durant la semaine du 8 au 14 avril 2017, vous trouverez les chèvres et moutons de Xavier :
- dans le fossé de l’Acrobastille le mercredi 12 avril en journée.
- sur le toit du cavalier le lundi 10, mardi 11, jeudi 13 et vendredi 14 avril 2017 en journée.
- tous les soirs (vers 18h) Xavier Beaufils rentre le troupeau dans l’entrepôt au bout de la place Haxo pour qu’il passe la nuit à l’abri.
A compter du samedi 15 avril, le troupeau sera certainement déplacé sur d'autres espaces plus escarpés et moins accessibles du grand public
Le public pourra être contact direct avec les animaux à partir de début mai où des animations pédagogiques seront mises en place.