Dans deux semaines, l'équipe de la Fabrique Opéra présentera au Summum de Grenoble son nouvel opéra participatif Turandot. Ce vendredi, deux solistes qui participent à l'aventure ont partagé une répétition devant un public inhabituel : les détenus de la maison d'arrêt de Varces en Isère. Reportage.
Amener le chant lyrique en prison, l’idée vient d’une enseignante de la maison d’arrêt de Grenoble-Varces, en Isère. Très vite, cette idée a séduit l’équipe de la Fabrique Opéra : "La musique, c’est un langage universel, on peut parler à tout le monde avec de la musique. Ça touche, ça ne touche pas et peut-être qu’il y a des gens qui détesteront. Et venir ici, je le vois aussi comme un défi, c’est beaucoup plus difficile que de jouer devant une salle de 200 personnes," explique Sonia Menen.
Alors à quelques jours de la représentation, Sonia est venue donner la réplique à son complice baryton. Ils donnent à leur auditoire du jour quelques clés sur l’histoire de Turandot, le célèbre opéra de Giacomo Puccini, adapté par Patrick Souillot et mis en scène par le duo comique Shirley et Dino : "J’avais des a priori sur l’opéra, je n'avais jamais écouté et j’ai entendu la voix de la dame, j’ai vu qu’elle montait très haut dans les tours et ça m’a fait quelque chose, je me suis dit 'waouh'. Ce n’est pas commun d’entendre une voix comme celle-ci", nous dit Tarek, détenu.
C’est rare qu’une voix me fasse autant vibrer de l’intérieur
Fabrice, détenu
Attentifs, voire captivés par les voix envoûtantes et puissantes des deux solistes, les détenus se sont très vite retrouvés, loin de leur quotidien : "Aujourd’hui, c’est une évasion dans un autre monde, ça fait du bien à la tête et aux oreilles, ça change de notre routine", confie Fabrice. Pour Hervé, les émotions ont été bien plus fortes : "C’est quelque chose que je n’ai jamais ressenti et j’ai découvert pour la première fois des émotions et à l’intérieur de moi ça vibrait aussi. C’est rare qu’une voix me fasse autant vibrer de l’intérieur", témoigne Hervé, un détenu.
Quatre représentations auront lieu au Summum de Grenoble du 31 mars au 4 avril. Cette comédie satirique est aussi participative puisqu’elle met à contribution des jeunes d’établissements scolaires de la région grenobloise.