C’est une décision qui passe mal à Saint-Marcellin, en Isère. Le cinéma Les Méliès perd ses deux gérants historiques : le couple Ratajczyk. Figures de la vie locale, ils doivent céder leur place à Cinéode, exploitant national, jugé plus efficace pour reprendre l’affaire.
Clap de fin pour le couple Ratajczyk. Lydie et Frédéric quitteront Les Méliès le 3 mars. Le cinéma de Saint-Marcellin (Isère), qu’ils exploitent depuis 1996, ne sera plus entre leurs mains. Le groupe Cinéode, exploitant national, succède aux deux gérants à la tête de l’établissement. "C’est un coup dur", assure Lydie Ratajcyk. "Ça nous met sur le carreau. Nous allons perdre notre principal emploi. C’est une page qui se tourne et on a du mal à comprendre".
Gérants locataires depuis 27 ans, les Ratajczyk ont perdu un appel à projet. Leur contrat se finissait il y a quelques semaines, et la mairie n’a pas souhaité le renouveler, estimant le projet de Cinéode plus intéressant.
Un collectif d’habitants s’est même formé pour soutenir le couple. Une pétition a été lancée. Près de 1000 signatures ont été récoltées.
Le cinéma, figure de la commune
"Le travail de Lydie et Frédéric, c’était un élément de la vie du territoire", affirme Hugues François, membre du collectif. "Il y avait une vraie approche territoriale avec ce cinéma, les gérants organisaient plusieurs événements, il y avait des films différents qu'on ne voit pas forcément. Ils ont fondé une vraie identité culturelle, ce qu’on risque de perdre avec cet exploitant".
Nous avons su créer un lien avec les habitants.
Lydie Ratajczyk, ex-responsable du cinéma Les Méliès à Saint-Marcellin
Lydie Ratajczyk ne peut qu’adhérer à ce propos : "J’organisais une à deux soirées culturelles par mois. Nous organisions des débats, des conférences. Les films proposés étaient aussi variés. Nous avons su créer un lien avec les habitants". Preuve en est, d’après elle, le cinéma enregistre 50.000 visiteurs par an, contre 15.000 il y a 27 ans.
La municipalité, de son côté, précise que le choix de Cinéode était le meilleur pour pérenniser la structure "sur la base de critères objectifs". Le nouvel exploitant a été validé par une commission, le 25 janvier, et acté par le conseil municipal, vendredi 16 février. Dans un communiqué, la mairie précise que "le nouvel exploitant s’engage à maintenir des tarifs accessibles à tous, tout en proposant une programmation riche et variée intégrant des films d’art et d’essai".
Pour le couple, la mairie souhaitait aussi trouver des propriétaires capables de payer davantage. "Avec le nouveau contrat, le loyer doit être doublé, les charges sur l'énergie multipliée par quatre. Ce n'était pas possible pour nous", rappelle Lydie Ratajcyk. Elle et son mari vont se concentrer maintenant sur l'événementiel avec le développement des cinémas en plein air dans la région.