"Ça permet de s'éloigner pour se remettre en question" : comment des jeunes placés par la justice avancent vers la réinsertion

L’unité éducative d’hébergement collectif de Corenc, en Isère, vient d'être rouverte après d'importants travaux. Une dizaine de mineurs y sont placés par la justice. Certains voient cet accompagnement comme une seconde chance de se construire un avenir professionnel.

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Après deux longues années de travaux, l'unité éducative d'hébergement collectif de Corenc (Isère) est enfin opérationnelle. Ce foyer de l'agglomération grenobloise peut accueillir jusqu'à 12 jeunes âgés de 13 à 18 ans faisant l'objet d'une décision de justice. Ils sont placés par la protection judiciaire de la jeunesse, un service qui œuvre à leur insertion.

"Ces jeunes ont souvent eu des parcours de vie chaotique qui les ont rendu vulnérables, ce qui explique leur parcours dans la délinquance. L'idée, c'est de les remettre d'aplomb, de leur donner de nouveaux repères et de faire en sorte qu'ils puissent redémarrer vers un avenir meilleur", résume Caroline Nisand, la directrice de la protection judiciaire de la jeunesse venue assister à l'inauguration ce mardi 21 novembre.

Le placement judiciaire dans ce type d'unité fait figure d'alternative à la détention en permettant aux mineurs accueillis de poursuivre leur parcours scolaire ou professionnel. "L'idée, c'est qu'ils soient ouverts sur le monde et qu'ils puissent reprendre leur chemin dans de bonnes conditions avec un accompagnement renforcé", ajoute Caroline Nisand.

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"Ca permet de se remettre en question" : comment de jeunes délinquants, placés par la justice, avancent vers la réinsertion ©France Télévisions

Une pause pour "réfléchir"

Les résidents prennent doucement leurs marques dans ce nouvel environnement. Samir* fait le tour de son petit studio, totalement rénové comme le reste du bâtiment. "C'est bien d'arriver dans un foyer tout neuf, tout propre. Ça donne envie de rester", commente l'adolescent de 17 ans qui voit ce placement comme une nouvelle chance.

"Ça permet de s'éloigner pour prendre du temps pour soi, réfléchir, se remettre en question", estime-t-il. Placé depuis plusieurs mois, Samir bénéficie d'une aide à l'insertion professionnelle. Son choix s'est porté sur le métier de peintre en bâtiment pour lequel il va commencer un apprentissage dans les prochaines semaines.

"Travailler les peintures, les thèmes, ça me défoule. C'est un truc que j'aime faire depuis petit. Quand je rentre, je suis fier. Je suis content d'aller travailler", expose encore le jeune homme qui imagine désormais un avenir professionnel. "Je me vois sortir avec mon apprentissage, ma formation et retourner chez moi pour faire ma vie, travailler."

Trouver sa voie professionnelle

D'autres métiers sont enseignés aux mineurs accueillis au sein de l'unité éducative de Corenc, la plupart manuels, comme la cuisine. "J'ai testé tous les métiers et il n'y a que la cuisine qui m'a plu. Il y a toujours quelque chose à faire, pas comme dans le bâtiment", témoigne Dylan*, 16 ans, devant un plateau de verrines qu'il vient de préparer. Lui s'épanouit dans cette profession pour "apprendre des nouvelles recettes et faire plaisir aux gens."

Comme Dylan, chaque jeune est accompagné par trois éducateurs référents et des formateurs professionnels qui les voient évoluer. "L'avantage de la cuisine, c'est que c'est du concret. On peut mener un projet à bien en très peu de temps, parfois quelques semaines. (...) C'est valorisant pour le jeune et pour nous", indique Jérémie Thiébaud, professeur technique d'hôtellerie-restauration depuis deux ans.

"Quand on a la chance de les recroiser une semaine, un mois ou des années plus tard, ça nous incite à en faire encore plus, raconte-t-il. Ça nous permet d'avoir une rétrospective sur les années passées en se disant qu'on a fait un vrai travail qualitatif. C'est valorisant pour eux et pour nous également."

En Isère, plus de 200 mineurs sont placés dans des établissements similaires par la justice. Ces décisions représentent une part très minoritaire des mesures confiées à la protection judiciaire de la jeunesse, la majorité des suivis s'effectuant en milieu ouvert, dans le cadre de vie habituel des jeunes.

* Les prénoms ont été modifiés.

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