One Voice s’oppose aux préfectures de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie, qui ont émis des arrêtés autorisant la chasse d’espèces emblématiques des Alpes comme le tétras lyre et le lagopède. L’association de protection animale a déposé plusieurs recours en justice pour suspendre "la mise à mort de centaines d’animaux".
"Ce sont des centaines, voire des milliers d’oiseaux qui pourront être massacrés avec la complicité de l’État", dénonce l’association One Voice. Dans un communiqué, les défenseurs de la cause animale annoncent contester devant les tribunaux la décision des préfectures de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie, qui ont autorisé la chasse d’espèces emblématiques des montagnes alpines.
"En Isère, le préfet a autorisé chaque chasseur à tuer deux lagopèdes alpins et un nombre illimité de gélinottes des bois. En somme, c’est une sorte de Noël avant l’heure pour les chasseurs", réagit One Voice.
"Ces recours nous paraissent totalement injustifiés"
"On propose de prélever seulement 22 lagopèdes et 20 gélinottes, soit moins de 4 % des effectifs, se défend Sébastien Zimmermann, technicien référent pour le petit gibier de montagne au sein de la Fédération de chasse de l’Isère. On propose des niveaux de prélèvements mineurs, avec des principes de précaution. L’année dernière, on a dépensé 76 000 euros pour le suivi et les recherches sur le lagopède afin d’améliorer nos connaissances, alors que ces militants sont seulement anti-chasse et ne font pas grand-chose pour l’espèce. Ces recours nous paraissent totalement injustifiés".
En Haute-Savoie, la chasse des lagopèdes alpins et des perdrix bartavelles, petits oiseaux aux flancs rayés de roux, est autorisée, mais soumise "à des prélèvements maximums". Quant aux petits tétras mâles, l’arrêté préfectoral indique que son prélèvement doit respecter un plan de chasse.
"Pour ces derniers, le préfet n’a même pas pris la peine de fixer un cadre : c’est le président de la fédération départementale lui-même qui a déterminé le nombre d’individus à tuer. Une fois encore, les animaux s’apprêtent à payer de leur vie la puissance incontrôlée de ce lobby et l’abstention fautive de l’État", dénoncent les défenseurs de la cause animale.
"La fédération des chasseurs a attribué 201 plans de chasse individuels pour le tétras lyre, et pourtant, on est sur des états de conservation inquiétants, détaille Nicolas Yahyaoui, l’un des juristes chargé du dossier pour One Voice. On veut montrer le caractère absurde de cette chasse qui vise uniquement à satisfaire les demandes d’une poignée d’individus".
"On a fait un travail préparatoire remarquable, avec des comptages précis, conteste André Mugnier, président de la Fédération de chasse de Haute-Savoie. Notre dossier est complet et tient compte des équilibres à préserver. Je regrette qu’on en soit à ce stade-là compte tenu des efforts que font les chasseurs pour être sérieux dans leurs plans de chasse".
Des dossiers dans les mains de la justice
Pour faire suspendre ces arrêtés préfectoraux, l’association a déposé plusieurs référés devant les tribunaux. "La traque de ces six espèces emblématiques des Alpes et des Pyrénées est ouverte pendant trois semaines à deux mois. Parce que le loisir de certains ne justifiera jamais la mise à mort de centaines d’animaux, nous demandons la suspension en urgence des arrêtés préfectoraux", justifie One Voice.
L’audience concernant le département de l’Isère s’est tenue ce lundi 2 octobre au tribunal administratif de Grenoble, et le délibéré devrait être rendu dans les prochains jours. Pour la Haute-Savoie et la Savoie, les audiences auront lieu respectivement le 5 octobre à 13h30 et le 10 octobre à 10 heures.
One Voice n’est pas la seule association à s’opposer à la chasse de ces oiseaux de montagne. Fin septembre, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a également déposé un recours auprès du tribunal administratif de Grenoble pour annuler une décision de la fédération des chasseurs de la Drôme autorisant la chasse du tétras lyre sur le secteur de La Croix-Haute.