L'Isère confirme sa fracture historique. Le nord du département a très nettement voté en faveur du Rassemblement National. Contrairement au sud qui fait basculer le résultat final en faveur de LREM qui s'impose avec 22,26% des voix. Mais il s'en est fallu de peu pour la liste de Nathalie Loiseau...
Sans surprise, le RN l'emporte très largement dans le nord du département de l'Isère où il s'impose partout à l'exception de quelques grandes villes. Bougoin-Jallieu, par exemple, où LREM l'emporte de 77 voix. Ou encore Vienne. Là-bas, l'écart atteint les 315 voix en faveur de la liste de Nathalie Loiseau. Pour le reste, les campagnes nord-iséroises sont très nettement bleu marine.
Le RN vire ainsi en tête dans la 10e circonscription (Bourgoin / La Tour du Pin / Villefontaine) avec 28,19 % des voix, dans la 8e (Vienne), dans la 7e (Bièvre) avec neuf points d'avance sur LREM mais aussi dans la 6e (Bourgoin / Morestel) avec, cette fois, 12 points d'avance sur En Marche.
Ailleurs, à partir d'une ligne de démarcation qui passerait par Voiron, la situation est toute autre. Dans la 5e circonscription (Chartreuse / Grésivaudan), dans la 4e (Trièves / Vercors), dans la 3e (Grenoble / Veurey / Sassenage) mais aussi dans la 2e (Saint-Martin d'Hères / Echirolles) et la 1ère (Grenoble / Meylan / Corenc), la République en Marche arrive cette fois en tête. Mais, là encore, le Rassemblement national s'offre quelques belles poussées notamment dans la ceinture rouge grenobloise, ces communes dirigées de longue date par des maires communistes.
Le RN arrive ainsi en tête à Echirolles (21,90%), Saint-Martin d'Hères (18,98%) ainsi qu'à Fontaine (21,31%). La perméabilité historique entre l'électorat communiste et l'électorat frontiste se confirme donc ici. Mais ce n'est pas vraiment nouveau...
Alors que retenir ? D'abord, que ces Européennes ne chamboulent en rien le paysage politique isérois. Ensuite, que LREM fait un peu mieux qu'y sauver les meubles avec 22,26% des voix contre 21,89% pour le RN. Car si le parti l'emporte d'une tête, il est important de rappeler qu'en 2014, le FN était arrivé très largement en tête avec plus de 20.000 voix d'avance sur l'UMP. Une droite aujourd'hui quasiment disparue (moins de 8%) et sans doute aspirée par LREM. Un cas d'école pour le parti présidentiel.