Une plainte contre X pour "prise illégale d'intérêts" a été déposée par deux syndicats visant la gestion de la clinique mutualiste de Grenoble, selon une enquête de la cellule investigation de Radio France publiée vendredi. La CGT et FO soupçonnent le patron de la clinique mutualiste, Bernard Bensaid, de prélever chaque année, de manière injustifiée selon eux, une partie du budget de leur établissement.
C’est une information révélée par la cellule investigation de Radio France. Deux syndicats, la CGT et FO, portent plainte contre X pour prise illégale d’intérêts. Ils soupçonnent le patron, Bernard Bensaid, de la clinique mutualiste de Grenoble de prélever de manière injustifiée une partie du budget de leur établissement.
Patron de la clinique depuis 2020
Bernard Bensaid est un homme d’affaires à la tête de son groupe de 12 000 salariés baptisé Avec (ex Doctegestio). Il rachète des entreprises en difficulté dans plusieurs domaines : résidences de tourisme, maisons de retraites et depuis récemment des cliniques. Il devient le patron de la clinique mutualiste de Grenoble depuis 2020 après le rachat de deux mutuelles qui la géraient jusqu’alors.
Depuis, déplorent les salariés à notre consœur de la cellule investigation de Radio France, “il serre dangereusement les coûts. Dans une salle de réveil de bloc opératoire, on est resté une quinzaine de jours sans électrocardiogramme. Tout cela parce qu’il voulait négocier 10% de rabais sur la réparation de l’appareil."
Ces épisodes ont été racontés par des médecins de la clinique.
Mauvaise gouvernance
La CGT et FO mettent en cause notamment une convention de services signée en 2020 entre Bernard Bensaid, patron du groupe Avec, et Bernard Bensaid lui-même, patron de la clinique.
Dans cette convention que la cellule investigation s'est procurée, il est écrit que la clinique doit reverser chaque année 1% de son chiffre d'affaires, soit 1,7 million d'euros environ, au groupe Avec. En contrepartie, Avec est censé détacher des salariés du siège pour fournir à la clinique une assistance en ressources humaines, en communication ou en services informatiques. Cette convention est critiquée en interne. "1,7 million d'euros par an, c'est l'équivalent de soixante postes à temps plein du groupe Avec qui viendraient travailler à la clinique. Mais il n'y a pas soixante temps pleins du groupe Avec qui viennent chez nous. Ils sont à peine deux ou trois", dénonce un salarié.
Interrogé sur ces conventions, Bernard Bensaid défend l’utilité et la réalité des prestations facturées à la clinique. “C'est en utilisant en particulier les moyens informatiques communs que notre groupe réussit à redresser des établissements en grande difficulté comme l’était la clinique de Grenoble en 2020."
Dans le même temps, la majorité des médecins de la prestigieuse clinique mutualiste de Grenoble dénoncent des dysfonctionnements qu’ils imputent à la mauvaise gouvernance de leur directeur dont ils demandent le départ.
Vers une annulation de la vente de la clinique
Les syndicats FO, UNSA et la CGT, ainsi que des associations d’habitants, la ville de Grenoble et Grenoble-Alpes Métropole avaient saisi le juge des référés pour obtenir l'annulation de la vente de la clinique.
Ils ont été déboutés en première instance le 10 novembre 2021 et en appel le 7 juin 2022. Le juge a renvoyé le dossier sur le fond. L’audience aura lieu dans plusieurs mois.