Grenoble : 22 ans après le braquage mortel d’un fourgon blindé, un suspect jugé devant les Assises du Rhône

Confondu par son ADN, un quinquagénaire comparaît du 9 au 14 décembre devant les Assises du Rhône. Il est suspecté d’avoir participé il y a 22 ans au braquage d’un fourgon blindé à Grenoble, au cours duquel un convoyeur de fonds a été tué.

Une perruque et une goutte de sang. Ce sont les deux éléments qui ont mis les enquêteurs sur la piste du principal suspect.

Il aura fallu attendre 18 ans pour que la science fasse parler les traces biologiques retrouvées sur ces deux pièces à conviction. Et encore quatre années de plus pour que Saïd Tayakout, le propriétaire de cet ADN, ne soit traduit en justice.

L’homme âgé de 55 ans est jugé à partir de ce vendredi 9 décembre devant les Assises du Rhône, à Lyon.

Il est suspecté d’avoir participé au braquage d’un fourgon blindé, survenu à Grenoble le 27 avril 2000.

Retour sur les faits

Ce jour-là, le véhicule transporte des fonds pour la Banque de France lorsqu’il est pris d’assaut par un commando. Les braqueurs utilisent une Renault 25 pour immobiliser le fourgon, avant d’utiliser une arme de guerre et des explosifs pour accéder au butin.

L’explosion cause la mort d’un des trois convoyeurs de fonds, un père de famille âgé de 42 ans.

Les braqueurs, grimés avec des masques et des perruques, repartent avec un butin de 10 millions de francs, soit 1,5 million d’euros. Mais ils commettent deux erreurs.

Pendant l’assaut, l’un d’entre eux égare une perruque sur les lieux du braquage. Et leur tentative d’incendie de la Renault 25 échoue, grâce à un passant qui parvient à repousser le cocktail molotov glissé sous le véhicule. A l’intérieur, sur le siège passager avant, les policiers retrouvent une goutte de sang.

À l’époque, les deux pièces à conviction sont inexploitables, faute d’avoir la technologie suffisante pour analyser les traces ADN. Le dossier est donc classé sans suite en 2004.

Mais les enquêteurs grenoblois n’ont pas dit leur dernier mot. En 2006, à leur demande, le parquet sollicite une nouvelle expertise biologique, qui permet d’identifier la trace de trois ADN mélangés.

Après de multiples tentatives, le profil génétique est identifié en 2018. Un rapport d’expertise l’associe à Saïd Tayakout, un homme déjà incarcéré pour des braquages.

Je viens avec deux familles éplorées, qui ont vécu 22 ans dans un océan de malheur,

Denis Dreyfus, avocat des parties civiles

Quatre jours de procès

Pendant le premier jour d’audience, ce vendredi 9 décembre, l'accusé a pris la parole pour nier les faits. "Je n’ai jamais mis les pieds à Grenoble", a-t-il assuré face à la cour. "Mon client se dit étranger à ces faits depuis le début, renchérit son avocat, Me Bernard Ripert. On lui oppose des résultats d’expertise génétique qu’il conteste, et qui sont contestables, car les derniers experts saisis à ma demande l’ont dit. Il n’y a aucune charge matérielle contre Mr Tayakout".

"On sait formellement que c’est le sang de Mr Tayakout, conteste Me Denis Dreyfus, l’avocat des parties civiles. Il va falloir qu’il explique formellement pourquoi il se trouvait ce jour-là, à ce moment-là, dans cette voiture qui a servi à bloquer le fourgon. Et dans lequel il a utilisé un pain de penthrite pour amener à ce drame".

"Je viens avec deux familles éplorées, qui ont vécu 22 ans dans un océan de malheur, poursuit-il. Elles attendent que justice leur soit rendue, très tardivement, certes, puisqu’il y avait eu un non-lieu".

Pendant la deuxième partie de la journée, un policier responsable de l’enquête a exposé sa version des faits à la cour. Après la pause du week-end, le procès reprendra dès lundi avec l’audition de plusieurs témoins. Le suspect encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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