Un chirurgien orthopédiste grenoblois a été suspendu pour 3 ans dont 18 mois avec sursis par le conseil national de l'ordre des médecins. Il est soupçonné d'avoir opéré abusivement 54 patients.
Lorsqu'il s'est fait opérer du dos en 2007, Christophe Fuselier était loin d'imaginer qu'il se retrouverait en fauteuil roulant avec une jambe en moins, dix ans plus tard.
A l'époque, il souffre de douleurs au dos et se fait prendre en charge au CHU de Grenoble. C'est le docteur V. qui l'opère. "L'opération devait durer 3 ou 4 heures, elle a duré 10 heures", raconte-t-il.
"Il y a eu des complications suite à l'opération"
Durant l'opération, la veine iliaque est sectionnée. Démarre alors un long calvaire qui va durer 10 ans. "Il y a eu des complications suite à l'opération. Pendant un mois et demi, je suis retourné au bloc tous les deux jours. Je me suis battu pour garder ma jambe. Mais au bout de 10 ans, je n'avais plus le choix. Je faisais infection sur infection".
Aujourd'hui, Christophe Fuselier est amputé de la jambe gauche. A 45 ans, cet ancien chauffeur routier ne travaille plus. Il passe ses journées sous antidépresseurs, allongé dans son lit "à cause des douleurs" dit-il. "Il a gâché ma vie", accuse Christophe Fuselier à propos du docteur V.
54 dossiers concernés
Christophe Fuselier n'est pas seul à se dire victime d'une erreur médicale pratiquée par ce chirurgien orthopédiste. Le CHU de Grenoble précise qu'aucun autre patient de l'hôpital ne s'est plaint d'opérations abusives ou ratées de la part de ce chirurgien.
Le docteur V. a d'ailleurs démissionné du CHU en 2009 et exerce aujourd'hui à la clinique des Cèdres d'Echirolles, près de Grenoble.
La sécurité sociale de l'Isère a mené une enquête et a identifié 54 dossiers concernés par de prétendues erreurs médicales commises par ce même médecin en 2013 et 2014.
Suite à cette enquête, le docteur V. a été suspendu par le conseil national de l'ordre des médecins pour 3 ans dont 18 mois avec sursis. Suspension qui prendra effet au 1er mai 2019.
Plusieurs plaignants, représentés par Maître Bourgin, avocat grenoblois, demandent eux sa radiation pure et simple de l'ordre des médecins.