Une banderole géante a été suspendue, mercredi 10 novembre, à un immeuble du quartier Capuche-Alliès à Grenoble. À travers cette action, une vingtaine d'associations ont voulu sensibiliser le public sur la précarité énergétique.
Ils se sont bien préparés. Trois militants en bas de l'immeuble, trois autres en haut, au 11e étage pour déployer une banderole géante de 15 mètres sur 9. "Chauffez nos apparts, pas la planète. Nos factures explosent", est inscrit en grosses lettres au-dessus du quartier Capuche-Alliès de Grenoble. À l'origine de cette action : une vingtaine d'associations mobilisées contre la précarité énergétique, à l'occasion d'une journée nationale.
Parmi les organisations, la Fondation Abbé Pierre et Greenpeace tentent de sensibiliser le public aux difficultés rencontrées par les plus démunis face au coût croissant de l'énergie et à la mauvaise isolation des logements.
La tour de 13 étages, où est déroulée la banderole, date d'une cinquantaine d'années. Pour les associations, c'est l'exemple même des logements qualifiés de passoires thermiques. La facture de chauffage pèse de plus en lourd : "C'est quasi la moitié de mon salaire. J'ai un salaire d'éducateur spécialisé, ce n'est donc pas énorme. Pour l'équivalent de quatre mois de chauffage, je paye 650 euros", regrette Thouraya, une locataire.
Près de 100 000 logements concernés dans l'agglomération
D'importantes aides nationales du plan France Relance sont consacrées à la rénovation énergétique des bâtiments. Mais pour Xavier, militant Greenpeace, le compte n'y est toujours pas : "On nous avait promis 5 millions d'euros de rénovation sur un plan national. Aujourd'hui nous n'en sommes qu'à 700 000. C'est plus de 7 fois moins que ce qui était promis."
En France, une loi de 2010 définit la précarité énergétique en ces termes : "Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat."
C'est très dur d'engager des rénovations sur l'ensemble lorsque les ménages sont trop modestes dans certaines copropriétés.
Nicolas Béron-Pérez, vice-président de la Métropole de Grenoble.
Près de 5 millions de ménages en France sont touchés par ce phénomène, selon l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). L'agglomération grenobloise compterait entre 70 000 et 100 000 logements considérés comme énergivores.
Les aides publiques ne suffisent pas pour Nicolas Béron-Pérez, vice-président de la Métropole chargé de l'habitat : "Le gouvernement a fait le choix de massifier la rénovation énergétique sans prendre en compte les réalités de chaque logement et de chaque ménage. On a oublié que des ménages et des propriétaires sont modestes, voire très modestes. Ils n'ont pas forcément les capacités financières de rénover leur logement."
"Même avec ce que met en place la Métropole, c'est très dur d'engager des rénovations sur l'ensemble lorsque les ménages sont trop modestes dans certaines copropriétés", conclut-il au pied de l'immeuble, où la banderole a été enlevée dans la matinée.