Interviewé par le Dauphiné Libéré, ce mercredi 26 juillet, Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble, ne mâche pas ses mots: "Grenoble est une ville gangrenée par le trafic de drogue". Il estime que la réponse à ce phénomène doit être collective.
Pour le procureur de la république de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, la ville et son agglomération sont "gangrenées par le trafic de drogue" qui "n'épargne aucun quartier" et constitue la "réalité quotidienne" des habitants.
Dans une interview donnée au Dauphiné Libéré, puis à l'AFP, ce mercredi 26 juillet 2017, le Procureur assure n'avoir "jamais vu une ville de cette taille aussi pourrie et gangrenée par le trafic de drogue". Outre Grenoble, les principales villes théâtre de ces trafics sont les communes voisines d'Echirolles, Fontaine ou encore Saint-Martin-d'Hères, soit un ensemble de 250.000 habitants. "C'est la triste réalité de cette ville et ce n'est pas une nouveauté. Le problème de drogue est une réalité quotidienne. Je ne connais pas de quartier épargné", a poursuivi le magistrat, parlant d'une "généralisation des points de vente, des bandes, des querelles de bandes et des règlements de comptes, pas toujours mortels".
Si les habitants "attendent que l'on fasse quelque chose", les moyens policiers et judiciaires ne sont pas extensibles. Il faut donc "que des gens parlent et collaborent". "On ne peut pas poursuivre sans preuve; nous n'avons pas de boule de cristal qui nous dit "Untel est trafiquant", a poursuivi M. Coquillat.
La réponse à un tel phénomène ne peut pas être que policière ou judiciaire mais aussi politique et sociétale
Malgré les comparutions immédiates "toutes les semaines" pour les "dealers du jour" et les enquêtes au plus long cours pour démanteler les réseaux, "on déplace les problèmes et on fait tourner les protagonistes du marché", a estimé le magistrat, connu pour son franc-parler. "On ne peut pas répondre à tout par la répression. Ce n'est pas adapté à un phénomène de cette ampleur. C'est vider l'océan avec une cuiller", a analysé le procureur, pour qui "la réponse à un tel phénomène ne peut pas être que policière ou judiciaire mais aussi politique et sociétale".