Grenoble : une jeune menuisière crée un « mannequin-présentoir » pour la Fabrique Opéra

Elève à l’institut des Métiers et Techniques de Grenoble, Louise Antony a conçu « Sans Pi », un porte costume constitué de fines couches de bois. Une commande de l’association à l’origine des opéras participatifs et dont la dernière création, Roméo et Juliette, reste en suspens.

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« Je suis partie d’un corps humain. J’avais envie de proposer une sorte de mannequin stylisé à échelle humaine avec des lignes courbes et du volume, qui soit capable de servir de porte objet. »

Avec son mètre soixante-quinze, l’œuvre de Louise Antony dépasse de quelques bons centimètres sa créatrice. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, la jeune femme grandie dans le Cantal et passionnée de bois, a entrepris un CAP de menuiserie à l’IMT de Grenoble. Cet établissement, qui forme chaque année plusieurs centaines d’apprentis à plus de 80 métiers, a monté un partenariat il y a plusieurs années avec la Fabrique Opéra. Bien connue des mélomanes, cette association met en scène chaque année un opéra participatif à Grenoble avec des musiciens, des choristes amateurs ainsi que de nombreux lycéens et apprentis impliqués dans la fabrication des costumes et des décors.

La conception de cet objet symbolique est donc née de ce lien privilégié. « J’avais demandé à Louise de plancher sur la déclinaison d’un chevalet, qui puisse servir aussi de porte costume. On lui a donné carte blanche pour nous proposer un objet qui traduise aussi son imagination » précise Patrick Souillot, chef d’orchestre et créateur de la Fabrique Opéra. « C’est tout l’esprit de notre aventure que de la partager avec les jeunes. Chaque année, des apprentis menuisiers, peintres, serruriers ou charpentiers nous accompagnent selon les besoins de la scénographie de l’opéra choisi ».

 

Un "chef d'oeuvre"

Pour son CAP, Louise devait réaliser un « chef d’œuvre » ! L’appellation peut paraître pompeuse, en fait, c’est ainsi qu’est qualifiée la réalisation collective ou individuelle, demandée aux élèves de CAP et qui valorise leurs compétences et leur talent. « Lorsque mon enseignant m’a proposé de bosser sur un objet avec la Fabrique Opéra, sans cahier des charges, ça m’a tout de suite plu. Je me suis dit bingo ! explique Louise le regard pétillant. J’ai commencé par la conception en dessinant à la main, puis je l’ai développé en 2D et en 3D avec l’ordinateur ».

Louise a pu compter sur Joël Cailleaud, son maître d’apprentissage, mais aussi sur un soutien technique de taille : l’arrivée en janvier d’une machine à commande numérique dans l’atelier menuiserie de l’IMT. « Avec la commande numérique, le défonçage laser donne de la souplesse et de la précision aux formes des pièces, par exemple pour réussir les arrondis, pour la gravure, le fraisage, les perçages. Et c’est un outil génial pour la géométrie, pas besoin de gabarit, ni de scie sauteuse. On gagne un temps précieux ! »

Après un premier prototype de la taille d’un enfant de trois ans et demi, Louise a réalisé son objet à taille réelle puis des miniatures, véritables petite sculptures. Elle a superposé des couches de bois en contreplaqué, intégré des équerres et même un plateau-présentoir.

Louise a baptisé son chef d’œuvre « Sanspie » en hommage à la lettre grecque, au nombre irrationnel qui fascine les esprits scientifiques mais aussi à la queue de pie du chef d’orchestre ! Un clin d’œil à Patrick Souillot. Habitué à diriger l’orchestre universitaire de Grenoble, le chef et sa baguette a des fourmis au bout des bras. Comme l’ensemble des acteurs culturels, sa Fabrique Opéra vit au ralenti.

Après l’annulation de l’édition 2020, programmée quelques jours après le premier confinement, les reports se sont succédé, les répétitions ont été suspendues. La production artistique a finalement reprogrammé le nouvel opéra, Roméo et Juliette, en juin prochain. Avec toutes les incertitudes d’une jauge contrainte. En temps normal, la Fabrique Opéra, ce sont 200 solistes, musiciens et choristes amateurs ou professionnels et quelques 450 élèves impliqués autour d’un spectacle qui accueille près de 12000 spectateurs au Summum. Preuve de la fidélité du public, près de 4000 d’entre eux ont conservé les places achetées l’an passé.

Le jour des retrouvailles au Summum, ils pourront découvrir « Sanspie » décliné en plusieurs exemplaires. Symbolique, l’œuvre de Louise Antony conclut l’apprentissage de cette jeune architecte qui rêve de mettre le bois au cœur de ses futures réalisations en s’appuyant sur une démarche artisanale. « Dans chaque projet, l’architecte est confronté aux artisans. Il travaille avec eux mais chacun a son langage, ses contraintes. Ma formation en menuiserie m’a fait découvrir cette dimension artisanale. Ce CAP va m’aider dans l’exercice de mon métier d’architecte. »

 

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