TÉMOIGNAGES VIDÉO. Le film "Je ris, je vis, je meurs" actuellement tourné en Isère, raconte le passé douloureux de Jennifer Michel, victime de harcèlement scolaire lorsqu’elle avait 11 ans. Aujourd’hui, son objectif est de libérer la parole et de sensibiliser les citoyens à ce fléau qui pousse parfois les plus jeunes au suicide.
Jennifer Michel a été victime de harcèlement scolaire lorsqu’elle avait 11 ans. "J’étais en sixième" raconte-t-elle, se replongeant dans ses souvenirs, "on se moquait de moi. Au début, je le prenais à la rigolade mais cela s’est accentué et ils s’attaquaient à mon physique".
L’adolescente développe alors une phobie scolaire et refuse d’aller à l’école, sous le regard impuissant de sa mère, Marie-Jo Michel. "Le collège ne m’a pas crue au début" poursuit Jennifer, qui a pensé au suicide.
Un jour j’ai regardé ma maman et je lui ai dit "c’est soit tu me sauves, soit je vais mourir".
Jennifer Michel, ancienne victime de harcèlement scolaire
Dix ans après cette douloureuse épreuve, Marie-Jo Michel a souhaité raconter leur histoire et a consacré un livre au harcèlement scolaire. Intitulé "Je ris, je vis, je meurs", il retrace l’histoire d’Héléna, "une petite fille enjouée qui va voir sa vie basculer dans un vrai cauchemar". Un livre aujourd’hui adapté en film, et dont le tournage se déroule actuellement à Saint-Siméon-de-Bressieux, en Isère.
Des acteurs eux-mêmes victimes de harcèlement scolaire
Le mégaphone aux lèvres, l’autrice reconvertie en réalisatrice dirige la cinquantaine d’acteurs dont la plupart ont été victimes de harcèlement scolaire. Parmi eux, une collégienne détient le rôle principal. Elle aussi, tout comme Jennifer à l’époque, souffre de phobie scolaire. "Je ne vais plus à l’école" sourit timidement l’adolescente, visiblement émue. Calmement, elle raconte qu’elle et sa sœur ont été harcelées. "On me disait que ma mère était une pute, que j’étais grosse" détaille-t-elle, tandis que sa sœur, victime d’une agression dans les toilettes du collège, a été transportée à l’hôpital.
Nathaël, lui aussi, a "vécu l’enfer". "Je me faisais frapper et insulter régulièrement" explique celui qui subissait des moqueries de la part de ses camarades de classe. L’adolescent, dont le cauchemar a commencé dès l’école primaire, ajoute en avoir vite parlé à sa mère. "Elle a fait le nécessaire, mais quand on les écoutait [l’équipe pédagogique de son établissement, NDLR], c’était moi le problème", relate celui qui a depuis changé de collège et pour qui "tout va bien" aujourd’hui.
Je joue dans ce film pour redonner de l’espoir à certaines personnes. Il ne faut pas qu’ils abandonnent.
Nathaël, ancienne victime de harcèlement scolaire
"Il est important que les professeurs et les membres de l’encadrement scolaire soient vigilants" insiste Marie-Jo Michel, "on laisse souvent faire les choses en se disant que ce sont des jeux d’enfants et que ce n’est pas méchant mais si, cela peut être non seulement très méchant mais aussi très violent".
Un film, une "thérapie"
La réalisation de ce film est une sorte de "thérapie" pour Jennifer Michel, fière de bientôt le présenter au grand public. "C’est une force d’en parler" souffle-t-elle avec l'objectif de sensibiliser les citoyens à ce qu’elle décrit comme étant un "fléau". "Le fait d’en parler m’a sauvée et aujourd’hui, je tourne ce film pour que les enfants n’aient plus peur. C’est une force de parler et cela ne fera pas de vous une victime" assure celle qui a aujourd’hui panser ses plaies et est devenue maquilleuse professionnelle.
Le film "Je ris, je vis, je meurs" sortira en 2025.
Avant le tournage du film, Jennifer et Marie-Jo Michel étaient venues raconter leur histoire sur le plateau de l’Instantané, il y a quelques mois sur France 3 Alpes :
Si vous êtes victime ou si votre enfant est victime de harcèlement à l’école, contactez le 30 20 (numéro gratuit joignable de 9 heures à 20 heures du lundi au vendredi et de 9 heures à 18 heures le samedi) et le 30 18 en cas de cyber harcèlement.