En Isère, les Maisons de Crolles accueillent des personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer précoce, c’est-à-dire diagnostiquées avant soixante ans. Découvrez ce lieu de vie singulier où les malades sont considérés comme des "habitants" et non comme des "résidents".
C’est un dispositif presque unique en France voire en Europe. Depuis 2016, les Maisons de Crolles, en Isère, accueillent et accompagnent des personnes atteintes précocement d’une maladie d’Alzheimer ou apparentée.
"Ils sont chez eux ici" confie Roseline Meyer, intervenante en cuisine au sein de la structure. Aux Maisons de Crolles, on ne parle pas de résidents, mais d’habitants. Trente personnes vivent dans cet espace singulier, accompagnées par un personnel attentif.
Les habitants sont chez eux ici, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent !
Roseline Meyer, intervenante en cuisine,à France 3 Alpes.
Ici, les habitants ne sont jamais appelés par leur prénom. Cela fait partie de ce concept innovant. Aux Maisons de Crolles, Madame Merzougui se sent comme chez elle. Après un passage en cuisine, où elle aide chaque jour le personnel, elle nous emmène visiter les lieux. Quand l’habitante ouvre la porte de sa chambre, on découvre une intimité, un lieu qu’elle s’est approprié grâce à des photographies de sa famille, de sa fille Mounia, et des peluches destinées à ses petits-enfants lorsqu’ils lui rendent visite. Les habitants des Maisons de Crolles peuvent sortir quand ils le souhaitent et même recevoir des invités.
Vivre malgré la maladie
Aux Maisons de Crolles, de nombreuses activités sont organisées pour les habitants. Alors que Madame Merzougui a testé l’équitation, Monsieur Boutevillain, lui, affiche fièrement ses exploits en parapente. Cet ancien élagueur, diagnostiqué de façon précoce, est féru de sport et continue d’assouvir sa passion malgré la maladie. "C’est un vrai plaisir" sourit-il.
Un suivi adapté à chaque habitant
Les professionnels qui composent cette structure vivent avec les habitants en s’adaptant à chacun d’entre eux. Exemple à l’heure du repas : Christine Zanetti, aide-soignante, installe un habitant. Ce dernier mange seul, à l’aide de ses mains, grâce à un repas spécifique. Le seul moyen pour lui de rester autonome. "Si nous ne faisions pas ça, les intervenants seraient obligés de leur donner à manger et cela pourrait les rendre tristes ou en colère" explique la professionnelle de santé.
Ils comprendraient alors qu’ils ne peuvent plus manger seuls.
Christine Zanetti, aide-soignante,à France 3 Alpes.
"On respecte énormément les personnes" poursuit l’aide-soignante. "Nous prenons du temps pour être avec eux et les inciter à réaliser les choses seuls, de façon autonome. Cela prend du temps" conclut-elle.
Blandine Prévost a été diagnostiquée en 2009 à l’âge de 35 ans. A l’époque, rien n’existait en France pour les Alzheimer précoces. Blandine a alors décidé de participer à la création de maisons en s’inspirant du modèle québécois "Carpe Diem". "Il s’agit de vivre comme une personne et non pas comme un malade" confie-t-elle.
Etre regardée comme une personne jusqu’au bout, c’est ça qui fait tenir.
Blandine Prévost, co-créatrice des Maisons de Crolles,à France 3 Alpes.
Un dispositif expérimental
Les Maisons de Crolles sont gérées par la fondation OVE et financées par l’Agence Régionale de Santé et le Département de l’Isère. L'établissement bénéficie d’un statut de structure expérimentale et est toujours en cours d’évaluation, jusqu’en 2024. Pour en savoir plus, une journée de formation est organisée le 27 juin 2023, de 9 heures à 17 heures à La Rampe d’Echirolles.
Nicole Poirier, fondatrice du modèle québécois "Carpe Diem" sera présente pour parler de la maladie, du diagnostic et de l’importance de l’entourage, touché lui aussi par ce bouleversement.