C’est un exemple de résistance civile pendant la Seconde Guerre mondiale. Au pied du Vercors, les habitants du hameau de Prélenfrey ont caché une cinquantaine d’enfants juifs pendant l’occupation nazie. Une journée commémorative s’est tenue ce samedi matin dans le village, 80 ans après.
Ce samedi 20 juillet, au petit hameau de Prélenfrey, sur les contreforts du Vercors, l'heure était au souvenir. Une commémoration était organisée pour ne plus jamais oublier le geste de courage des habitants pendant la Seconde Guerre mondiale.
Leur silence a sauvé la vie d'enfants juifs
Le 22 juillet 1944, au péril de leur vie, les habitants de Prélenfrey, gardent le silence face aux Allemands. "On parle de gens qui ont été alignés pendant 2 heures avec une mitraillette dans leur dos. On parle de gens qui, pour protéger des étrangers, des étrangers à leur village n’ont pas parlé. Ils ont été emmenés à Grenoble, certains ont été torturés, mais personne n’a parlé. Je pense que ça résonne, par rapport à nos choix à ce qu'il se passe aujourd’hui, je pense que la mémoire est importante", réagit Simon Farley, le maire du Gua.
La bravoure de ces gens sauve la vie de 51 Juifs, des enfants et leur famille réfugiés dans le village. Parmi eux, Salomon Milgrom, 13 ans à l’époque raconte, la mémoire encore intacte, ce qu’il s’est passé il y a désormais 80 ans.
"L’officier leur a dit, nous savons qu’il y a des enfants juifs ici, alors dites-nous où ils se trouvent. Personne n’a répondu. L’officier a demandé une deuxième fois, nous vous demandons de nous dire où sont les enfants juifs. Et tout le monde sans exception a dit, ici il n’y a pas d’enfants juifs, il n’y a que des enfants malades au préventorium. "
Dans le préventorium du village, Les Tilleuls, conçu pour isoler les tuberculeux, des enfants juifs échappent au pire, cachés parmi les malades.
Créer une mémoire collective
Cette histoire de résistance, Dominique Lardet la raconte dans un livre paru cette année, Les enfants cachés des Tilleuls 1935-1946, paru aux Presses Universitaires de Grenoble. Son père a trouvé refuge à Prélenfrey pendant la guerre. Pour cette journée commémorative, cette fille d’enfant caché a réussi à rassembler une centaine de descendants sur les traces de leurs familles.
"En mettant toutes nos histoires familiales ensemble, on arrive à créer une mémoire à un niveau plus collectif, ce sont des combats qu’il faut toujours mener."
Cette histoire, les héros de Prélenfrey l’ont gardée secrète pendant un demi-siècle. Désormais, le devoir de mémoire prend le pas sur le silence.