Depuis plus de 20 ans, des études sont menées sur la présence des espèces d’oiseaux forestiers en France, et en particulier en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la région, les tendances font ressortir des résultats inquiétants concernant la disparition de certains oiseaux forestiers. Explications.
En Auvergne-Rhône-Alpes, la présence de certaines espèces d’oiseaux forestiers, comme la mésange noire ou le bouvreuil pivoine, est en fort déclin depuis une vingtaine d’années alors que d’autres parviennent à se stabiliser voire à augmenter. C’est ce que mettent en évidence les derniers résultats d’une étude menée conjointement par la Ligue de la protection des oiseaux et le Muséum national d’histoire naturelle depuis près de 20 ans.
230 espèces différentes en Auvergne-Rhône-Alpes
L’étude a commencé en 2001 et s’est achevée en 2023. Dans chaque région, des observateurs bénévoles ont été chargés, pendant cette étude, d’observer un carré de 2 km² situé à côté de chez eux. Ils devaient, de mars à juin, se rendre trois fois sur le carré en question pour y observer les oiseaux à 10 points de comptage différents : "Pendant 5 minutes, sur chaque point de comptage, l’observateur devait compter le nombre d’espèces et d’oiseaux qu’il avait vus et entendus au sein de la zone", explique Clarisse Novel de la LPO.
Au total, en Auvergne-Rhône-Alpes, 300 observateurs ont participé à l’étude et près de 450 carrés ont été suivis. Sur les 20 ans, 230 espèces ont été recensées et 660 000 oiseaux dénombrés. Et parmi ces espèces, certaines sont en fort déclin.
Moins de mésanges et de bouvreuils dans la région
L’étude met en évidence le déclin du bouvreuil pivoine (- 40 %), du roitelet huppé (- 60,3 %) ou encore de la mésange noire (- 37,8 %) et de la mésange boréale (- 68,7 %), alors que d’autres espèces ont tendance à augmenter comme le grimpereau des jardins (+ 27,3 %), le pic épeiche (+ 29 %), le roitelet à triple bandeau (+ 67,6 %) ou le pouillot de Bonelli (+ 70,1 %).
Ces espèces, qui disparaissent, sont qualifiées d’"ultra" spécialistes, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent vivre que dans un seul type d'habitat, les forêts froides.
"Ce sont des espèces qui ont des difficultés d’adaptation, elles ont plus de mal à s’adapter à d’autres habitats que la forêt et sont spécialisées des milieux boisés", explique la LPO. Avant d’ajouter : "Le type de forêt est de moins en moins adapté à ces espèces, ce sont des forêts mono espèces, des forêts jeunes, certaines ont besoin de forêts vieillissantes, des arbres avec des trous, de la mousse, du bois mort, et on en a de moins en moins ici en Auvergne-Rhône-Alpes."
Les autres espèces, elles, ont plus de facilité à s’adapter. L’étude montre alors qu’il y a deux types d’oiseaux forestiers : "Il y a ceux des forêts froides, comme la mésange noire et le bouvreuil, qui semblent en régression et ceux qui semblent s’adapter aux forêts qui se réchauffent comme la givre musicienne ou le rouge-gorge familier," précise t-on à la LPO.
Quelles solutions pour maintenir les espèces ?
Pour l’instant, il est impossible de dire si ces espèces en déclin ont migré ou si elles ont totalement disparu : "Ces oiseaux ne sont pas bagués donc il est très difficile de savoir s’ils ont migré pour trouver un habitat qui leur correspond ou si l’espèce a tendance à disparaître, car elle s’est moins reproduite", ajoute Clarisse Novel.
La LPO Auvergne-Rhône-Alpes préconise aux propriétaires de forêts ainsi qu’aux élus d’avoir une gestion plus durable et responsable : "Il faut éviter les coupes rases, les espèces exotiques et surtout, il faut garder le vieux bois et le bois mort, car il est très utile", conclut la LPO.