Au lendemain des propos racistes tenus ce jeudi 3 novembre à l'Assemblée nationale par le député du Rassemblement National Grégoire de Fournas, les réactions des députés de la région s’enchaînent, sur les réseaux sociaux et au micro de France 3 Alpes.
La polémique enfle après les propos tenus jeudi lors de l'intervention de l'élu LFI d'origine congolaise Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le "drame de l'immigration clandestine" à l'Assemblée nationale.
En effet, la séance de questions au gouvernement touchait presque à sa fin lorsque le député Carlos Martens Bilongo a pris la parole pour évoquer le sort des migrants en Méditerranée. À peine a-t-il entamé son propos que soudain, une voix se fait entendre : "Qu'il retourne en Afrique".
Cette phrase, elle vient du député RN, Grégoire de Fournas, qui lui, affirme avoir prononcé "Qu’ils retournent en Afrique" des propos tenus au pluriel, visant le bateau et les migrants et non le député insoumis.
La séance a été suspendue par la présidente Yaël Braun-Pivet, après cette phrase jugée raciste. Depuis, les réactions tombent en cascade et des sanctions sont réclamées par les différents partis, la France Insoumise demandant l’exclusion du député.
La décision d’une éventuelle sanction devrait être prise ce vendredi en début d’après-midi.
"Des propos immondes"
"C’est stupéfiant, s’exclame Jean-François Coulomme, député NUPES de la 4ème circonscription de la Savoie, mais sous le vernis de la laque, sous les brushings, les costumes cravates, perce la bête immonde, la haine, et le racisme naturel qui caractérise ce parti." Avant d’ajouter : "Evidemment que j’espère une sanction, même si le parti n’est pas susceptible d’être poursuivi au pénal, j’espère que sur le fond, il écopera de sanctions prévues par l'Assemblée nationale."
Sur les réseaux sociaux, le député a relayé, un tweet du groupe parlementaire de la France Insoumise compilant des publications racistes du député RN.
Elisa Martin, député de la 3ème circonscription de l'Isère, condamne fermement les propos tenus par le député RN et tient à apporter son soutien à son collègue Carlos Martens Bilongo.
"Un coup monté" pour le RN
De son côté, Alexis Jolly, député RN de la 6ème circonscription de l’Isère, parle d’un "coup monté de toute pièce par La France Insoumise." Pour lui, "il est évident que notre député ne parlait pas de Carlos Martens Bilongo. Je n’étais pas présent, dit-il, mais j’ai regardé les vidéos relayées par les médias, et pour moi, il est clair qu’il fait référence aux bateaux de migrants." Avant d’ajouter, "la phrase de mon collègue est maladroite, mais les réactions sont disproportionnées par rapport à ce qui s’est passé, une sanction serait regrettable." a-t-il déclaré par téléphone à France 3 Alpes.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran réclame des sanctions à l’encontre de Grégoire de Fournas, il estime que "le Front national a montré son vrai visage" et demande "des sanctions à la hauteur de ces propos infâmes".
Quelles sont les sanctions prévues ?
Le bureau de l'Assemblée nationale se réunira à 14h30, ce vendredi pour décider d'éventuelles sanctions. Le règlement intérieur de l'Assemblée nationale rappelle qu'il existe quatre peines disciplinaires applicables à ses membres : le rappel à l'ordre, le rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal, la censure ou la censure avec exclusion temporaire.
Le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal peut entraîner la privation, pendant un mois, du quart de l’indemnité parlementaire allouée au député.
La censure simple peut entraîner la privation, pendant un mois, de la moitié de l’indemnité parlementaire allouée au député.
Enfin, la censure avec exclusion temporaire peut entraîner la privation, pendant deux mois, de la moitié de l’indemnité parlementaire allouée au député et "l’interdiction de prendre part aux travaux de l’Assemblée et de reparaître dans le Palais de l’Assemblée jusqu’à l’expiration du quinzième jour de séance qui suit celui où la peine a été prononcée".
Dans le cas où la censure avec exclusion temporaire est appliquée pour la deuxième fois à un député, l’exclusion s’étend à trente jours de séance.