A l'initiative du Pacifique, le Centre de développement chorégraphique national de Grenoble, les habitants de la capitale des Alpes sont invités à danser cinq minutes par jour pour "s'offrir un moment de liberté, pour soi et en lien avec les autres", en soutenant les structures culturelles.
Chaque jour, à 12h30, ils sont quelques dizaines à se donner rendez-vous, masqués et à bonne distance les uns des autres, sur le parvis du Pacifique. Danser "le mia", crier "Louxor j'adore", ou réclamer "j'veux du soleil" est devenu une routine quotidienne pour les habitués du Centre de développement chorégraphique national de Grenoble (CDCN).
"Il s’agit de donner aux gens la possibilité de bouger et de s’offrir un moment de liberté, pour soi et en lien avec les autres", explique-t-on au Pacifique CDCN. L'idée est de faire d'une pierre, deux coups de déhanchés : soutenir les institutions culturelles fermées au public depuis le mois d'octobre et faire une activité physique qui renforce le lien social.
Une respiration baptisée "cinq minutes de danse par jour" et reprise par plusieurs autres lieux culturels dans la métropole grenobloise comme La Rampe d'Echirolles ou l'Hexagone à Meylan.
Et il y en a pour tous les goûts : des Bee Gees, en passant par Cindy Lauper, IAM, Beyonce, Queen, David Bowie ou encore Philippe Katerine. "Les gens viennent pour se lâcher et profiter du moment", raconte Rhania Allier, chargée de production en alternance au Pacifique CDCN.
"Surmonter collectivement cette période inédite"
Avec la mise en place du nouveau confinement, certaines structures ont dû renoncer à l'opération. Mais le Centre de développement chorégraphique national de Grenoble tient bon, dans le respect des gestes barrières. "On continue de danser pour continuer à résister et à dire que la culture est essentielle".
"La brièveté du moment ainsi que la dispersion en différents lieux permettent d’éviter les rassemblements, tout en touchant différents territoires", indique-t-on encore au Pacifique. "Mais la valeur symbolique de ce temps partagé à danser ensemble, sans risque, nous permet de surmonter collectivement cette période inédite".
"Cela fait du bien de se retrouver avec du monde à l'extérieur et ça manque toutes ces animations, on en a besoin", confie Michelle, l'une des participantes.
"La culture, c'est le plaisir, l'évasion, le rêve, l'imagination, c'est ce qui donne du sens à vivre aussi et donc en invitant à danser, on retrouve de la joie et des horizons", renchérit Elisabeth Renau, secrétaire générale du Pacifique CDCN.
"Une poésie en acte, radicale et simple"
L'initiative est née en suivant l'exemple de la Parisienne Nadia Vadori-Gauthier, qui danse "une minute par jour", depuis janvier 2015 pour poser "un acte de résistance poétique quotidien" et "œuvrer pour la vie, pour des solidarités, pour plus de douceur entre les catégories et les corps. En ces temps de pandémie, il semble plus que jamais nécessaire de veiller à activer ce qui nous relie et fait battre nos cœurs", peut-on lire sur le site de l'artiste.
"L’art et la culture sont un de nos biens communs les plus précieux, ils ne sont ni un divertissement, ni une activité accessoire, mais un indispensable qui nous connecte à nos parts d’incommensurable et d’imaginaire sans lesquelles nous ne serions pas vraiment humains", poursuit-elle.