Le mois de juillet 2022 a battu des records de sécheresse en Isère, selon Météo-France. En alpage, les éleveurs mais surtout leurs troupeaux souffrent du manque d’eau. Au Charmant Som, dans le massif de la Chartreuse, certains éleveurs sont contraints de redescendre leurs vaches. Une situation rare qui pénalise la production de fromage.
Dernier repas à 1 600 mètres d’altitude pour six des vaches d’Olivier Bastien, éleveur depuis plus de 30 ans. Chaque été, il monte ses vaches de race tarine, 72 au total, dans l’alpage du Charmant Som en Chartreuse (Isère), là où l’herbe est plus verte. Mais cette année, les montagnes sont brûlées par le soleil, les vaches manquent cruellement de nourriture. Alors, il est contraint de redescendre six de ses vaches à lait : "L’an passé, c’était tout vert, on a eu beaucoup de pluie. Voir l'alpage tout jaune comme ça, à partir de début août, c'est quand même rare. C'est inquiétant", déplore-t-il. Habituellement, les troupeaux d'Olivier redescendent des alpages début octobre.
Au-delà du manque de nourriture, le manque d’eau se fait aussi ressentir pour son troupeau, et ce, même dans leur nouveau champ aux Cottaves, 600 mètres plus bas : "Dans ce parc, il y a une source d’eau d’habitude. Et là, on n'a jamais vu ça, mais la source a tari donc on est obligé de leur porter de l’eau. De l’eau que l’on récupère au Col de Porte, mais ça a un coût. Il faut la payer et faire des allers-retours pour aller la chercher. "
Des conséquences sur la production de fromage
Dans la fromagerie, située à côté de l’alpage, Marjolaine Guigue, fromagère et associé d’Olivier, moule le sérac, un fromage produit grâce au lait des vaches. Elle nous explique la conséquence directe du manque de nourriture pour les vaches. En deux semaines, la production de lait a diminué de 20 %, passant de 1 000 litres de lait à 800 : " Automatiquement, s'il y a moins d’eau, il y a moins d’herbes donc forcément, les vaches vont produire moins de lait. Ce qu’on a fait aujourd’hui, c’est que l’on a tari 10 % du troupeau pour que les moins bonnes laitières laissent beaucoup plus de ressources aux autres."
Et cette situation n’est pas réservée au Charmant Som. Le manque d’eau et d’herbe se fait ressentir dans toute l’Isère. Pour Bruno Caraguel, directeur de la fédération des alpages de l’Isère, cette situation est plus que préoccupante pour les mois à venir : "Il va falloir leur donner à manger et à boire, d’autant qu’on est dans une année sans fourrage. Si on insère ça dans une crise économique un peu majeure avec une raréfaction des céréales, une augmentation des cours, on imagine que les conditions d’élevage, cet automne, vont être assez tendues. D’autant qu’il n’est pas annoncé de pluviométrie forte." Une situation qui ne laisse rien présager de bon pour les semaines à venir.