"Je ne peux pas laisser ma famille à la rue" : à Grenoble, des personnes sans-abri réagissent à la proposition de loi anti-squat

La proposition de loi anti-squat examinée par l’Assemblée nationale provoque la colère de plusieurs associations de droit au logement et de personnes sans-abri, installées illégalement dans une école désaffectée de Grenoble, en Isère.

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Depuis le 28 novembre 2022, l’Assemblée nationale examine une proposition de loi anti-squat, portée par les groupes de la majorité présidentielle Renaissance et Horizon. Ce texte vise à durcir les mesures contre les squatteurs en triplant les sanctions encourues jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, ainsi qu'en accélérant les procédures d’expulsion.

"Je ne peux pas laisser ma famille à la rue"

A Grenoble, en Isère, l’association Droit au Logement est vent debout contre la nouvelle. "On ne comprend pas cette loi qui vient criminaliser les gens qui veulent se mettre à l’abri", souffle Raphaël Beth qui accompagne une cinquantaine de personnes, installées illégalement depuis le 1er septembre dans une école de la ville. "Ce qu’on constate avec ces familles, c’est qu’elles ont toutes le droit au logement, elles sont toutes prioritaires depuis plusieurs mois et malgré nos demandes, l’Etat ne fait rien".

Quand des personnes squattent, c’est par nécessité et parce que le droit au logement n’est pas respecté.

Raphaël Beth, membre de l'association Droit au Logement

La mairie, propriétaire des lieux, aurait porté plainte il y a quelques semaines. Malgré tout, le chauffage a été allumé récemment. Une bonne nouvelle pour Hamza, l'un des occupants qui dit travailler dans la restauration. Son salaire serait insuffisant pour se payer un loyer. Sur liste d’attente pour accéder à un logement social, il occupe actuellement cette école désaffectée, avec sa famille.

Nos enfants ne comprennent pas la situation. Ils voient qu’ils ne sont pas comme les autres, qu’ils n’ont pas de maison, pas de chambre, pas leurs propres jouets.

Hamza

"Je ne peux pas laisser ma famille à la rue. On n’a pas eu le choix. J’aurais aimé avoir un vrai chez-moi et avoir ma propre clef", ajoute Hamza, effaré par cette proposition de loi anti-squat. En plus du coût de la vie, il dénonce la difficulté à trouver un logement : "J’invite ceux qui veulent voter la loi à appeler les propriétaires", insiste-t-il. "Dites-leur que vous gagnez 1 200 euros et que vous n’avez pas de garant. Vous n’aurez jamais d’appartement. A 40 ans, on n’a pas besoin d’un garant. C’est honteux de demander un garant à un père de famille !"

"La loi se durcit mais la crise du logement aussi", fustige Raphaël Beth de l’association Droit au Logement qui ajoute : "De plus en plus de personnes sont sans abri, de plus en plus de logements sont vides et rien n’est réellement fait pour sortir les personnes sans-abri de cette galère".

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