"Je ne sais pas comment on va s'en sortir" : face à l'explosion des charges, des locataires demandent de l'aide pour éviter les expulsions

A la veille de la fin de la trêve hivernale, près de 200 personnes se sont rassemblées à Grenoble ce vendredi pour dénoncer la hausse des loyers et des charges locatives et le risque accru d'expulsions pour les foyers les plus précaires.

Ils étaient environ 200 ce vendredi rassemblés place de Verdun, devant la préfecture de l'Isère, pour dénoncer la hausse des charges locatives liées à l'augmentation du gaz et de l'électricité.  

Parmi eux, Hayet, locataire d'Actis, l'Office Public de l'Habitat de la région grenobloise : "En 2022, je payais 660 euros de loyer, à l'heure actuelle c'est 780. En fait, j'ai eu 105% d'augmentation, rien que sur les charges de chauffage", déplore-t-elle. 

"On est perdu parce qu'on ne sait pas si on va pouvoir payer nos loyers dans les mois à venir, et il faut manger. Je suis inquiète avec les augmentations qu'on subit, sur le gasoil, sur la vie de tous les jours, les factures électriques. Je ne sais pas comment on va s'en sortir. On demande la suppression des charges, que les loyers soient revus à la baisse en fonction des revenus de chaque locataire ou une subvention de l'Etat", dit-elle.

Cette semaine, la fondation Abbé Pierre a alerté le gouvernement sur le risque accru de hausse du nombre d'expulsions dès ce samedi 1er avril.

L'inflation fragilise les locataires les plus précaires

"L'augmentation des prix des produits alimentaires et de l'énergie a vraiment fragilisé les ménages, ce qui peut occasionner des impayés de loyer", expliquait ainsi Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, à l'AFP. La fondation demande ainsi un triplement du chèque énergie et une hausse des APL pour soutenir les plus modestes.

Car tous les indicateurs sont dans le rouge pour les foyers les plus vulnérables.

L'union sociale pour l'habitat, qui regroupe les bailleurs sociaux, a sondé ses adhérents et notait, en décembre dernier, que "près de la moitié des organismes HLM enregistrent une hausse de plus de 10 % du nombre de ménages en retard de paiement de loyer de plus de trois mois par rapport au 31 décembre 2021, date de la précédente mesure. Parmi les organismes qui enregistrent les plus fortes hausses en termes de ménages en retard de paiement de plus de trois mois, la part de ceux qui ont un chauffage au gaz est supérieure à la moyenne (près de 30 %, contre 25 % en moyenne sur l’ensemble des répondants)".

Les impayés des factures d'énergie en hausse de 10%

Les interventions pour des impayés de gaz ou d'électricité ont ainsi battu un record en 2022 malgré le bouclier tarifaire mis en place pour contenir la flambée des prix.

Cette semaine, le médiateur de l'énergie corroborait cet état des lieux en rendant publics les chiffres : "ce sont 863 000 interventions pour impayés des factures d’énergie qui ont été mises en œuvre en 2022, soit 10% de plus qu’en 2021", statue Olivier Challan Belval dans un communiqué, ajoutant que "la crise énergétique actuelle nous interroge sur les dispositifs de protection à long terme des consommateurs les plus fragiles". 

Place de Verdun, à Grenoble, sur une banderole, on peut lire "proprio bourgeois, rénove chez moi !" Cyril de l'association Droit au Logement de l'Isère est venu soutenir les locataires "pris à la gorge", qui vivent souvent dans des passoires thermiques. Il s'inquiète à l'idée de voir les expulsions se multiplier dès ce samedi 1er avril, date de la fin de la trêve hivernale. 

Le loyer, jusqu'à 70% des dépenses des foyers les plus modestes

"En 1970, on passait environ 15% de nos revenus dans les charges et les loyers. Maintenant, le taux d'effort des ménages dépasse les 30% en moyenne et pour les ménages les plus précaires, cela dépasse les 50%, 60% voire 70%", indique-t-il. "Des logements trop chers, cela revient à expulser les plus précaires", s'insurge-t-il.

"Une augmentation ne serait-ce que de dix euros, c'est encore plus de ménages qui vont être en précarité, qui vont être en stress. Ce sont des risques psychologiques énormes pour les familles et pour les personnes qui vivent avec cette épée de Damoclès de l'expulsion", conclut-il. 

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