"La précarité nous attaque sur tous les postes de dépenses" : à Grenoble, les étudiants inquiets face à l’augmentation du coût de la vie

A l’approche de la rentrée universitaire, les syndicats alertent : le coût de la vie étudiante a augmenté par rapport à l’an dernier, en raison de l’inflation et de la hausse du prix de l’énergie et du transport. A Grenoble, en Isère, cette nouvelle inquiète les associations qui en appellent aux pouvoirs publics.

La Fédération des associations générales étudiantes (Fage) et l’Union nationale des étudiants de France (Unef) lancent l’alerte par le biais de deux enquêtes respectives où l'on apprend que le coût de la vie étudiante augmente par rapport à l’an dernier : +6,47% par rapport à l’an dernier soit près de 50 euros par mois selon l’Unef. La Fage quant à elle, affirme que "le coût de la rentrée [universitaire] atteindra en moyenne 3 024,49 euros en septembre 2023" pour un étudiant non boursier, contre 2 889 euros l’an dernier.

Le loyer, premier poste de dépense d’un étudiant

Plusieurs fois par semaine, Noé étudiant met plus d’une heure à rejoindre l’université de Grenoble, en Isère. "J’habite dans un village qui se situe assez loin de la faculté et qui n’est pas desservi par les transports en commun" poursuit-il, "je fais du stop jusqu’à la gare, je prends le train puis le tramway jusqu’au campus".

C’est épuisant mais surtout stressant.

Noé, étudiant

Faute de moyens, impossible pour Noé de trouver un logement à Grenoble. "Le revenu de mes parents est juste au-dessus du dernier échelon donc je ne touche pas de bourse ou d’aide, juste 70 euros d’APL par mois" explique l’élève en sciences de l’éducation, toujours à la recherche d'un travail étudiant.

Selon l’Union nationale des étudiants de France (Unef), le loyer représente le premier poste de dépense des étudiants, "avec une part représentant 60,58% du budget mensuel moyen". En 2023, le loyer étudiant moyen s’élève à 570,60 euros. Les syndicats ont formulé plusieurs revendications au niveau national. Parmi ces demandes, un encadrement des loyers dans les villes universitaires et une "meilleure critérisation des APL (aide personnalisée au logement) pour prendre en compte les différences importantes dans les loyers".

En Isère, l’Union des étudiants de Grenoble (UEG) a une revendication plus locale : une aide à l’installation. "La Ville ou la Métropole pourraient mettre en place un chèque d’aide à l’installation. Ici, nous avons une régie publique, et nous pourrions avoir un coup de main avec des ouvertures de contrats pour l’eau, l’électricité, le gaz, qui soient gratuites" affirme Robinson Rossi, secrétaire du syndicat.

Au-delà de cette proposition de mesure, l’UEG insiste sur la mise en place de la gratuité des transports. "Il y a des tarifications jeunes qui sont très chères par rapport à nos revenus" regrette Robinson Rossi, "d’ailleurs, c’est une mesure écologique car celles et ceux qui utilisent leurs voitures sont frappés de plein fouet par la hausse des prix du carburant", 

On se rend compte que la précarité nous attaque sur tous les postes de dépenses.

Robinson Rossi, secrétaire de l'Union des étudiants de Grenoble

"Deux étudiants sur trois sautent des repas"

"Nous rencontrons beaucoup d’étudiants qui nous disent qu’ils ont à choisir entre payer leur loyer et manger" relate Camille Pagiras, bénévole à l’association Génération Précarité qui effectue des distributions alimentaires toutes les deux semaines sur le campus de Grenoble (en compagnie d’autres associations telles que l’Agoraé). Selon l’enquête de l’Unef, l’explosion du coût de la vie pour les étudiants est également liée à l’inflation alimentaire.

On voit des étudiants de plus en plus précaires, deux sur trois sautent régulièrement des repas.

Camille Pagiras, bénévole à l’association Génération Précarité

L’association Génération Précarité reprendra sa mission dès le mois de septembre, en aidant 500 étudiants chaque mois avec un constat : l’allongement des files d’attente. "On se rend compte des gens sont prêts à attendre des heures pour avoir quelques paquets de pâtes gratuits, du dentifrice ou encore des protections menstruelles gratuites" constate Robinson Rossi, qui conclut : "Nous continuerons à nous organiser mais il faut que les acteurs publics le prennent en charge".

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