Le conseil municipal de Grenoble a adopté, lundi soir, la mise en place du congé menstruel pour les agentes souffrant de douleurs pendant leurs règles. Elles ont désormais la possibilité de poser jusqu'à 15 jours supplémentaires par an, sur présentation d'un certificat médical.
Les agentes de la Ville de Grenoble souffrant de douleurs menstruelles ont dorénavant droit à des jours d'absence supplémentaires. Cette mesure a été adoptée à l'unanimité lors du conseil municipal qui s'est tenu lundi 18 décembre, faisant de la capitale des Alpes la seconde commune de l'Isère à opter pour le congé menstruel.
La mairie de Grenoble salarie environ 2 300 femmes qui représentent 60 % de l'effectif des agents municipaux. Dès janvier, celles qui souffrent de douleurs menstruelles ou d'endométriose pourront recourir au télétravail ou bénéficier d'autorisations spéciales d'absence sur présentation d'un certificat médical.
Jusqu'à 15 jours par an
"L'idée, c'est de créer un nouveau droit pour les personnes qui sont concernées. Cela s'appelle un congé pour raison de santé menstruelle. Les personnes pourront prendre deux jours par mois d'autorisation spéciale d'absence jusqu'à 15 jours dans l'année", explique Laura Pfister, adjointe à l'égalité des droits à la Ville de Grenoble.
"Je pense que c'est un droit qui doit être inscrit au niveau national, juge-t-elle. Cela porte un message important sur le tabou des règles ou des maladies qui engendrent des douleurs." Une femme sur deux affirme souffrir de douleurs pendant les règles, selon un sondage Ifop réalisé en 2021, et une sur dix d'endométriose, une maladie pouvant être invalidante.
Délib✅La @VilledeGrenoble mettra en place dès janvier 2024 le congé pour santé menstruelle. C’est une avancée majeure pour les personnes concernées qui va leur permettre de continuer de travailler en prenant en compte les douleurs menstruelles sans impacter leur carrière.🟣 pic.twitter.com/x0IzVtN9Z3
— Laura Pfister ⏚ (@Laurapfister1) December 19, 2023
La municipalité souhaite ainsi reconnaître ces douleurs et améliorer les conditions de travail de ses salariés. "On considère que l'agent ne doit pas être pénalisé sur sa carrière, sa vie professionnelle. C'est une démarche concrète d'égalité des droits entre hommes et femmes qui permet de dire : 'Soyez tranquilles, quelles que soient vos conditions, on préserve vos droits'", estime Pierre Mériaux, adjoint au personnel à la Ville de Grenoble.
Outre le motif de santé menstruelle, ces autorisations spéciales d'absence bénéficieront également aux personnes souffrant de pathologies lourdes qui nécessitent un suivi médical. Les absences liées à des affections de longue durée ont concerné 1,6 % des agents cette année, soit une soixantaine de personnes.
"Il est probable que cette mesure soit à peu près neutre financièrement parce qu'actuellement, les agents qui doivent s'absenter pour ces soins se mettent en arrêt-maladie ou ils prennent sur leurs congés. Et on les paye quoi qu'il arrive", ajoute Pierre Mériaux.
Déjà en place à Seyssinet-Pariset
En Isère, une commune est précurseure en matière de congé menstruel. A Seyssinet-Pariset, dans la métropole grenobloise, ces absences spéciales ont été mises en place dès juillet dernier. Ce dispositif, qui permet là aussi d'aménager le temps et les conditions de travail, affiche des premiers résultats encourageants.
"Lorsqu'il y a eu des recours, cela n'a pas eu d'impact sur l'organisation de nos services donc c'est plutôt positif", explique Yamina Archi, adjointe aux ressources à la Ville de Seyssinet-Pariset. "Mais on n'a pas encore beaucoup de recours à ce nouveau droit, donc on essaye de travailler avec les services sur une plus grande communication pour casser des tabous. Si une agente en a besoin, elle peut le faire savoir à son responsable et si elle ne se sent pas à l'aise, à ses collègues ou au service RH en direct."
Quant au coût de la mesure, les collectivités estiment qu'elles pourraient être gagnantes à terme, car améliorer le bien-être au travail entraîne moins d’usure professionnelle, moins d’arrêt-maladie et plus d’attractivité. En 2023, une dizaine de collectivités territoriales ont adopté le congé menstruel en France.