A quelques jours du second tour des élections législatives, France 3 Alpes organise ce mercredi 15 juin de nouveaux débats. Mais pas sur la première circonscription de l’Isère, celle de Grenoble, la Tronche et Meylan. En cause : le refus de la candidate Nupes-LFI et les conditions exigées par son équipe.
C’est une tradition sur France 3 Alpes. Municipales, départementales et législatives : à chaque élection, sa fournée de débats de proximité.
Des débats choisis et organisés par la rédaction, selon les enjeux locaux : gros dossiers, personnalité des candidats, possibilité d’alternance politique. A ces critères, nous en ajoutons un dernier : la représentativité la plus équilibrée possible de nos territoires.
Ainsi, au lendemain du premier tour des élections législatives, à la vue des résultats, la rédaction décide d’organiser un débat sur la première circonscription de l’Isère.
Pour deux raisons principales : ce territoire n’a pas encore été mis à l’honneur dans nos débats et, surtout, il est le théâtre d’une belle bataille où un ministre, Olivier Véran (40,5% des voix au 1er tour), est talonné par une jeune challenger de la NUPES, Salomé Robin (36,6 % des voix au 1er tour). A peine quatre points séparent les deux rivaux. Le débat d’idées s’impose. Nous proposons la seule date disponible : celle du mercredi 15 juin, à partir de 17h45, en direct.
Olivier Véran face à Salomé Robin, un débat attendu
Dès le lundi 13 juin, nos équipes prennent donc contact avec celles des deux candidats. Du côté d’Olivier Véran, la réponse tarde un peu à venir. Mais elle est positive, en fin de journée. Le candidat et ministre, en réunion à l’Elysée une bonne partie de l’après-midi, réorganise finalement son agenda pour accepter l’invitation. Son cabinet ne pose aucune condition.
Du côté de Salomé Robin, les choses sont plus longues à se décanter. L’équipe de campagne reste injoignable jusqu’à 19h30, heure à laquelle un premier contact est noué. Comme avec Olivier Véran, la discussion est cordiale. Le dispositif est expliqué clairement : un débat de 30 minutes, en face à face, en direct dans nos studios habituels, lieu où sont organisés l’ensemble des débats électoraux.
Des exigences particulières
Le directeur de campagne de Salomé Robin, Bastien Castillo, nous dit alors qu’il nous recontactera dans la soirée. Ce qu’il fait vers 23h 15. Mais le ton de la discussion a changé. Il nous explique alors que la candidate n’acceptera le débat que s’il a lieu en extérieur, sur un marché, et en public. Il précise que ces conditions ne sont pas négociables.
Techniquement, organiser un tel débat dans de telles conditions n’est pas envisageable dans le délai imparti. Les coûts seraient aussi bien plus importants. Editorialement, il n’est pas envisageable de céder aux exigences d’une équipe de campagne. D’autant que cela créerait une différence sans précédent avec nos autres débats et les nombreux autres candidats accueillis sur notre antenne. Or, le service public se doit de garantir une équité de traitement sans faille lors d’une élection.
Nous refusons cette politique spectacle car l’échange doit être sincère et Véran ne le sera pas
Bastien Castillo, directeur de campagne de Salomé Robin
Ces arguments, l’équipe de Salomé Robin dit finalement les entendre, textos à l’appui. Mais maintient ses positions. Le directeur de campagne explique alors : « Nous refusons cette politique spectacle car l’échange doit être sincère et (Olivier, ndlr) Véran ne le sera pas ». Le responsable fait référence à un débat organisé par nos confrères de France 2 le jeudi 9 juin, qui a déplu à l’équipe de Salomé Robin.
L’équipe dit aussi regretter le fait qu’Olivier Véran a refusé un débat proposé par Télé Grenoble avant le premier tour. Quitte à en décliner un autre, elle aussi, en guise de représailles. Sur Télé Grenoble, Salomé Robin affirmait pourtant que refuser de débattre était préjudiciable à la démocratie.
La candidate, comme d’autres dans d’autres territoires, n’est peut-être pas tout à fait à l’aise avec l’exercice médiatique. Peut-être redoute-t-elle la confrontation face à un ministre rompu au débat.
Des candidats parfois frileux
Il est vrai que, ces dernières semaines, nos équipes ont pu constater une frilosité toujours plus grande chez les candidats lorsque des débats leur sont proposés. Quatre candidats du Rassemblement national en Isère ou en Haute-Savoie ont ainsi, lors de ces Législatives 2022, décliné nos invitations. A chaque fois, ils ont évoqué une récente contamination au Covid. D’autres se disaient « simplement » indisponibles. Mais, jamais, une candidate et son équipe n’avaient jusqu’alors voulu imposer leurs conditions avant d’accepter une invitation.
Une position qui ne reflète pas celle de la France Insoumise dans son ensemble : Elisa Martin, la candidate Nupes-LFI de la 3ème circonscription de l’Isère, l’autre circonscription grenobloise, sera sur notre antenne ce mercredi 15 juin face à Emilie Chalas, députée et candidate Renaissance. Sans aucune condition.