Pour la deuxième saison consécutive, le club de tennis de table "La Tronche Meylan Grenoble" propose des cours pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, une affection neurodégénérative se caractérisant par une perte de motricité. Pour les pratiquants, ces cours sont vus comme une "thérapie ludique".
Les yeux rivés sur la petite balle blanche, la main vissée à sa raquette, Nicolas, gère comme il le peut son coup droit, malgré ses tremblements.
"Je me suis inscrit pour le challenge. J’ai un Parkinson tremblant qui touche 30 % des gens et je ne me sentais pas capable de faire du ping-pong. Un jour, je me suis dit pourquoi ne pas essayer. Finalement, c’est assez intense, c’est 1h30 la séance, ça me convient", confie le joueur.
Se rééduquer et rompre l'isolement
Et depuis six mois maintenant, il échange des balles, une fois par semaine, avec d’autres personnes touchées comme lui par cette maladie. Parmi eux, Pierre Oliva, lui, a dû arrêter son activité de médecin généraliste, trop fatigué pour continuer. Désormais, une fois par semaine depuis le mois de septembre, il se rend aux cours proposés par le club et perçoit déjà des effets positifs :
Je m’amuse et je me rééduque en même temps. J’ai l’impression de mieux marcher, d’avoir plus d’équilibre et surtout d’être moins fatigué.
Pierre Oliva
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L’objectif : se rééduquer et essayer d’oublier les symptômes le temps d’une partie, mais aussi se retrouver. Philippe Bocon-Gibot, diagnostiqué en 2010, est membre de Parkinson France. Il est à l’origine de cette initiative mise en place au sein du club depuis deux ans maintenant.
"Parkinson est une maladie qui isole. Ça, c’est une lutte contre l’isolement, c’est tout bête, on se connaît tous, on connaît nos difficultés, les uns et les autres. Il y en a qui ont tendance à tomber, d’autres non. On est plus une équipe que des gens rivaux entre eux. On a beaucoup de plaisir à se retrouver chaque semaine", raconte-t-il.
Pratiquer en compétition
Les cours sont animés par des entraîneurs. Différents exercices sont proposés et à la fin de chaque cours, les joueurs s’affrontent en tournoi. Ce jour-là, Julien Campayo mène la séance : "L’idée, c’est d’apporter des niveaux de pratique différents et surtout leur montrer qu’ils peuvent faire plein de choses, malgré les tremblements, malgré la maladie qui est parfois sournoise. Ils sont dans la capacité par rapport aux situations que je propose. L’idée, c’est de leur montrer que tout est possible avec ou sans Parkinson."
Pour certains, la pratique va bien au-delà du loisir. C’est le cas d’Olivier, qui joue en compétition et s’entraîne quatre à cinq fois par semaine. Cette pratique intensive est un moyen pour lui de s’imposer face à cette maladie qu’il a eue tant de mal à accepter.
"Ça fait huit ans que j’ai été diagnostiqué de la maladie de Parkinson, j’avais 48 ans à l’époque. Pendant un temps, ce fut compliqué, l’acceptation de la maladie, le regard des autres, c’est vraiment très compliqué. L’aspect social, la compétition et l’aspect convivial du tennis de table aident vraiment à accepter, ça a été vraiment bénéfique sur ce côté-là", explique-t-il.
Comme Olivier, Pierre, Nicolas et Philippe, ils sont une vingtaine atteints de la maladie de Parkinson à pratiquer le tennis de table chaque semaine. Tous s’affronteront le 30 mars prochain lors d’un tournoi régional organisé à la Maison des Sports de La Tronche.