L'enquête publique a débuté le 6 novembre autour du projet de Métrocâble, un téléphérique urbain qui pourrait voir le jour dans l'agglomération de Grenoble. France 3 Alpes revient sur les objectifs de ce projet et ses aspects contestés.
Le projet de Métrocâble continue de tracer sa route. Ce téléphérique urbain du nord-ouest de l'agglomération grenobloise pourrait voir le jour à horizon 2026, après avoir été remanié et reporté plusieurs fois depuis 2014. Et le projet reste contesté par des collectifs et certains élus qui remettent en question son bien-fondé.
Quel est l'objectif du Métrocâble ? Où en est-on vraiment ? Pourquoi est-il si critiqué ?
France 3 Alpes revient sur les grandes lignes de ce projet.
A quoi ressemblerait le Métrocâble ?
Une liaison par câble de 3,5 km de long entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux en passant par Sassenage et la Presqu’île de Grenoble. Voilà à quoi pourrait ressembler le Métrocâble dont l'objectif est d'offrir une alternative en matière de transports afin de réduire les déplacements en voiture.
Le futur téléphérique, comportant quatre stations, relierait des zones d'habitation à des lieux d'activité avec une amplitude horaire de 6 heures à 21 heures. La durée du transport est estimée à 13 minutes d'un bout à l'autre de la ligne.
L'intérêt d'une liaison par câble, portée par le Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise (Smmag), est le survol de plusieurs obstacles : les rivières de l'Isère et du Drac, des voies ferrées, de l'autoroute... Le tout pour un coût global estimé à environ 65 millions d'euros.
L'enquête publique a débuté le 6 novembre autour de ce projet. Cette procédure réglementaire, encadrée par un commissaire enquêteur, vise à recueillir l'avis du public qui peut consulter le dossier sur les lieux d'enquête ou directement en ligne. Le registre sera clos le 21 décembre.
Pourquoi un tel projet ?
Il s'agit notamment de répondre à la croissance de la population mais aussi à la concentration de l'activité économique sur la Presqu'île de Grenoble, quartier regroupant de nombreux centres de recherche scientifique et des industries. "Nous savons qu'il y aura 35 000 déplacements nouveaux à l'horizon 2035" dans ce secteur, argumente Sylvain Laval, le président du Smmag et maire de Saint-Martin-le-Vinoux.
"Quand j'entends parfois que ce projet ne servirait pas, n'aurait pas suffisamment de fréquentation, je suis très surpris parce que notre travail, c'est de préparer l'avenir et d'anticiper les déplacements de demain", ajoute-t-il. Car le Métrocâble a pâti de l'arrêt d'un projet : le quartier des Portes du Vercors à Sassenage.
Quelque 500 logements devaient voir le jour non loin d'une future station du téléphérique urbain. Mais l'idée a été abandonnée en début d'année à cause d'un important risque d'inondation. Un problème pour l'Autorité environnementale qui a rendu un avis consultatif sur le projet de Métrocâble en février dernier.
Elle recommandait, juste avant l'abandon du projet d'urbanisme, "de conditionner la confirmation du projet de liaison par câble à la possibilité d'ouvrir à l'urbanisation le secteur Portes du Vercors", considérant que les deux sont fortement liés "du fait [de] la fréquentation induite".
Cet argument a été largement repris par les opposants au Métrocâble dont la députée (LFI) Elisa Martin pour qui cette nouvelle liaison n'est pas intéressante "sur un plan financier relativement au nombre de personnes concernées."
Quel impact sur la circulation ?
Le Smmag met en avant un "système de transport décarboné [qui] permettra de réduire la congestion routière de ces zones en incitant les résidents à laisser leur voiture au garage et à choisir d’autres modes de déplacements."
Le Métrocâble pourrait transporter jusqu'à 1 500 personnes par heure et par direction avec une cabine toutes les 73 secondes. Si ce projet permet bien une réduction du trafic automobile, selon Elisa Martin, il le fait "dans des volumes qui ne sont pas suffisants relativement au nombre de personnes concernées".
C'est bien un projet de mobilité globale qui est proposé sur un secteur saturé, tous les jours dans la congestion.
Sylvain Laval, président du Smmagà France 3 Alpes
L'Autorité environnementale confirme que l'impact sur le trafic serait "relativement faible". "Le nombre de véhicules en moins est estimé à 150 à la mise en service et 400 en 2035", écrivent les auteurs du rapport. Car la majeure partie des usagers du Métrocâble serait, d'après elle, constituée de personnes utilisant déjà les transports en commun : "93 % à la mise en service, 87 % en 2035."
"Le projet comprend aussi le développement des services liés au vélo, la connexion au réseau de transports en commun avec le jeu des correspondances, le développement du covoiturage... C'est bien un projet de mobilité globale qui est proposé sur un secteur saturé, tous les jours dans la congestion, avance pour sa part Sylvain Laval. Parce que le système actuel ne suffit pas, nous avons besoin d'un projet supplémentaire."
Cette liaison par câble transversale, recoupant les lignes A, B et E du tramway, permettrait ainsi un meilleur accès au réseau de transports en commun. Tout en restant un mode de transport "vertueux car économe en énergie, sans émission directe de CO2 et ne (participant) pas à la pollution atmosphérique", peut-on lire sur le site du Smmag.
Des alternatives envisagées ?
Les opposants au Métrocâble préféreraient que d'autres projets de mobilité soient envisagés. "On veut aussi porter des alternatives comme des passerelles qui seraient pertinentes dans le quartier de la Presqu'île. (...) Des infrastructures existantes pourraient répondre aux besoins actuels et futurs", fait valoir un militant.
Une liaison par bus à haut niveau de service (BHNS) a été un temps envisagée. Mais cette solution "présente des impacts environnementaux plus importants que la liaison par câble, un impact foncier plus grand et des impacts travaux plus forts, un temps de parcours supérieur, [des] confort, régularité, fiabilité et fluidité moindres, et reste sujette aux problèmes de circulation routière", relève l'Autorité environnementale qui recommandait toutefois "d’approfondir l’analyse" autour de cette option.
"Ce qui doit être développé, souligne également la députée Elisa Martin, c'est davantage de rames et de passages sur la ligne de tram A qui est la ligne la plus fréquentée. Il faut penser une organisation en étoile qui permettrait à chacun de se déplacer avec des bus."
Le Smmag a d'ores et déjà prévu d'investir pour ajouter des rames de tramway, plus grandes, explique Sylvain Laval. "Mais cela ne réglera pas tout parce qu'il y aura des besoins de déplacement supplémentaires, martèle-t-il. Pour cela, nous avons besoin d'ajouter une offre complémentaire."
Quel calendrier ?
La mise en service du Métrocâble est désormais envisagée à partir de 2026. Mais de nombreuses étapes restent à franchir avant de lancer le chantier du téléphérique urbain. Celles-ci ne pourront débuter qu'une fois l'enquête publique terminée et ses conclusions rendues, en fin d'année.
Plusieurs autorisations doivent ensuite être demandées, notamment la déclaration d'utilité publique, l'autorisation environnementale et les permis de construire pour la construction des stations. Le préfet de l'Isère prendra une grande partie de ces décisions mais la délivrance des permis de construire revient aux maires des communes concernées.
Or, les élus de Sassenage sont historiquement opposés au projet et le conseil municipal de Grenoble a émis un avis réservé en novembre 2022, celui-ci lui apparaissant "non prioritaire". Malgré ces difficultés annoncées, le Smmag espère lancer les travaux dès 2024 pour une entrée en service dans les années qui suivent.