Mort de Claude Lorius : "Il restera parmi les plus grands glaciologues du 20e siècle", réactions et hommages se multiplient

Le glaciologue français Claude Lorius, l'un des premiers à avoir établi le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique, est mort ce mardi 21 mars à l'âge de 91 ans. Dans le monde scientifique, ils sont nombreux à lui rendre un dernier hommage.

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"L’homme des glaces est mort", "un grand monsieur s'en est allé", "l’aventurier des mondes polaires n’est plus". Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les réactions et surtout les hommages s’enchaînent après la mort du glaciologue français Claude Lorius, mardi 21 mars, à l’âge de 91 ans. Ce pionnier des expéditions polaires, qui aura vécu six années en cumulé dans l'Antarctique depuis sa première mission en 1957, a contribué à fonder la climatologie, reconstituant le climat du passé grâce à l'étude des bulles d'air piégées dans les carottes de glace sur des millénaires.

Je veux saluer le grand scientifique qu'il était.

Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole.

Dans la région, Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole, a salué sa carrière : "Il a éveillé en moi une curiosité dans ma carrière de chimiste de l’atmosphère. Je veux ici saluer l’homme, le grand scientifique qu’il était. Nous lui devons tant." Avant de préciser que le grand amphithéâtre de la Métropole de Grenoble portait déjà son nom. 

"Claude était aussi de la trempe des aventuriers de l'exploration polaire", a quant à lui salué l'explorateur Jean-Louis Etienne, dans une vidéo publiée sur Twitter.

"Un vide énorme"

Le laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble, où il a été directeur entre 1983 et 1988, a également tenu à lui rendre hommage : "Sa disparition laisse un vide énorme pour la communauté scientifique de l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Grenoble qui perd un éminent chercheur, un ancien collègue et directeur du laboratoire de glaciologie LGGE. Il aura contribué, avec ses équipes et d'autres scientifiques, à laisser une empreinte majeure sur la compréhension du climat passé et futur de la planète."

Un des plus grands glaciologues du 20e siècle 

Il fut l'un des premiers glaciologues à évoquer le rôle de l'activité humaine dans le réchauffement de la planète. Pour certains, il est alors l'un des plus grands glaciologues du 20e siècle.

Né à Besançon le 27 février 1932, Claude Lorius, à peine diplômé, était tombé sur une annonce : "Recherche des étudiants pour participer à l'Année géophysique internationale", en Antarctique. Il restera un an, en 1957, dans des conditions extrêmes, à la base Charcot, sur ce continent blanc où il n'aura de cesse de vouloir revenir.

Devenu chercheur au CNRS en 1961, il est de retour en Terre Adélie en 1965. Là, il décide de s'intéresser aux bulles d'air de la glace, autant d'échantillons d'atmosphère pouvant renseigner sur les interactions avec le climat. Dès les années 70, il commence à soupçonner le rôle des activités humaines dans le réchauffement planétaire.

En 1977-1978, après trois ans de repérage et dix de préparation, lui et son équipe entament un forage profond du Dôme C (sud-est de l'Antarctique). Ils creusent jusqu'à 900 m, prouesse permettant de retracer 40 000 ans d'histoire climatique. En 1984, une mission sur la base russe de Vostok (1 500 km à l'intérieur de l'Antarctique) lui permet de remonter des glaces de 150 000 ans. Pouvant ainsi reconstituer un cycle climatique complet, il constate que les courbes de températures suivent des rythmes réguliers, avant de s'emballer en même temps que celles du CO2 depuis le milieu du 19e siècle et la Révolution industrielle. Ces résultats seront publiés en 1987 dans la revue Nature.

Le chercheur, membre de l'Académie des sciences, s'emploiera ensuite à mobiliser pour la lutte contre le réchauffement mondial. En 2002, il reçoit la médaille d'or du CNRS avec son confrère et ami Jean Jouzel. En 2015, le réalisateur oscarisé Luc Jacquet lui a consacré un film, "La Glace et le ciel".

Un hommage sera rendu et une minute de silence sera observée en mémoire du scientifique à Grenoble le 7 avril prochain.

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