"On a l'impression d'être des profs au rabais", les enseignants du second degré affectés à l'université se mobilisent à Grenoble

Lundi 11 septembre, près de 200 professeurs de l’Université Grenoble Alpes se sont mobilisés afin de demander plus de reconnaissance envers les enseignants du second degré affectés dans le supérieur (ESAS), grands oubliés des dernières revalorisations salariales.

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"Aujourd’hui, c’est la rentrée des premières années dans certains départements de l’IUT 1 de Grenoble et certains ne vont pas avoir cours." Lundi 11 septembre, près de 200 enseignants de l’Université Grenoble Alpes étaient en grève. Une mobilisation nationale pour dénoncer les inégalités salariales entre les ESAS – pour Enseignants du second degré affectés dans le supérieur – et les enseignants-chercheurs, depuis l’entrée en vigueur en 2021 d’un nouveau régime de primes (RIPEC).

"Ça fait 30 ans que les enseignants-chercheurs et les enseignants du secondaire affectés dans le supérieur touchent la même prime, pour les mêmes missions", explique Maud Giffard, enseignante à l’IUT 1 de Grenoble au département mesure physique. "Et la prime des enseignants-chercheurs a vraiment été revalorisée quand les enseignants du second degré affectés dans le supérieur ont été complétement oublié dans cette revalorisation."

Un sentiment d’injustice

Les ESAS sont des professeurs de collège ou de lycée soigneusement choisis pour donner des cours de spécialité dans les universités, notamment dans les IUT. À l’Université Grenoble Alpes, ils sont 1 000 sur 5 000 enseignants. À l’échelle nationale, ils représentent 20 % du personnel enseignant et 40 % des heures d’enseignement dispensées à la fac. Les manifestants dénoncent ce qu’ils considèrent comme une injustice. "Ce nouveau régime de primes pour les chercheurs, nous trouvons que c’est une bonne chose, mais nous autres avons été oubliés", commente Caroline West, enseignante d’anglais à Polytech Grenoble. 

D’autant que ces enseignants ne sont pas non plus concernés par les revalorisations en cours dans le second degré. "On est face à ce paradoxe. Être affecté dans le supérieur quand on est agrégé ou certifié, c’est à la fois la marque de l’excellence pédagogique, mais aussi un déclassement salarial. Ce n’est pas normal", ajoute Maud Giffard.

Pas moins diplômés 

Pourtant, ces enseignants du secondaire détachés à l’université ne sont pas moins diplômés qu’un enseignant-chercheur : "Les enseignants-chercheurs ont un statut particulier dans lequel ils passent beaucoup de temps à la recherche. Nous, nous sommes recrutés sur concours, avec des profils spécifiques. Notre niveau d’étude est équivalent, nous sommes tous titulaires d’un concours de l’enseignement", explique Caroline West.

"En ce qui me concerne, j’ai soutenu une thèse, je suis docteure en physique et j’ai aussi une agrégation en physique. Donc, je suis tout autant diplômée qu’un maître de conférence qui enseigne tout comme moi à l’IUT", témoigne Anne-Line Perriollat, enseignante à l’IUT1 de Grenoble.

Des responsabilités "colossales"

Officiellement, la seule mission des ESAS consiste à enseigner, et c’est tout. Mais il n’en reste pas moins qu’ils assument des responsabilités "colossales" au sein de leur département. "Dans les universités, il y a des enseignants du secondaire affectés au supérieur qui sont chefs de département, directeurs d’études, qui gèrent les emplois du temps, qui assurent le suivi des étudiants, la coordination des alternances et des stages… ", assure Maud Giffard. Selon elle, à l’échelle nationale, "80 % des responsabilités administratives et pédagogiques" dans les IUT sont prises en charge par des ESAS.

Nous assumons ces tâches, car il faut bien que quelqu’un les fasse. Si nous ne sommes pas valorisés au même titre que les enseignants-chercheurs, alors nous ne les effectuerons plus.

Caroline West, enseignante d’anglais à Polytech Grenoble

"On a l’impression d’être des profs au rabais avec toutes ces charges administratives qui sont colossales. Moi, j’ai fait tous les emplois du temps de tout l’IUT de mesure physique. Ça m’a pris énormément de temps et je sais que ce sera très peu payé. Mais j’aime cette formation et je donne tout mon cœur, tout mon temps à mes étudiants", témoigne Anne-Line Perriollat.

Pour porter la voix de ces enseignants au statut particulier, une association a été créée en 2022 : le collectif 384 (pour le nombre d’heures effectuées par an par les ESAS). Elle compte aujourd’hui 1800 adhérents. 

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