Plusieurs dispositifs vont entrer en vigueur dans les mois et années à venir dans le cadre du "schéma directeur déchets". On fait le point sur les innovations qui attendent les habitants de la métropole de Grenoble.
C'est l'un des engagements forts des élus de la Métro : réduire de moitié la poubelle des ordures ménagères avant 2030. La première pierre d'"un nouveau modèle qui va entraîner de profonds changements", avait prévenu Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole, quand le "schéma directeur déchets" a été adopté. Un plan en cinq volets visant notamment à recycler deux-tiers des déchets sur le secteur de la métropole grenobloise.
Car un habitant de jette en moyenne 60 kilos de déchets alimentaires par an, selon une estimation publiée en 2017 par le conseil métropolitain. Pour réduire ce chiffre de 20% d'ici à 2030, des actions incitatives ont d'ores et déjà été mises en place - acheter en vrac, recycler les objets anciens ou usagers, utiliser des broyeurs de déchets verts... Mais d'autres mesures plus concrètes vont être prises dès octobre 2019.
? ♻ C'est parti pour la collecte des déchets alimentaires sur le secteur 1 de #Grenoble
— Georges Oudjaoudi (@G_Oudjaoudi) October 3, 2019
Les métropolitain•e•s répondent présent•e•s ce soir lors de ce temps d'information sur les dispositifs en cours de déploiement dans leur quartier #OnAvance #JeterMoinsTrierPlus pic.twitter.com/pjITRuGwuE
Des collectes de déchets alimentaires vont être mises en place dans plusieurs quartiers de Grenoble (Berriat, Saint-Bruno, Europole, Centre gare, Bastille, Eaux Claires Nord et Jean Macé) ainsi qu'à Seyssins, Eybens, Poisat et Gières. Le début de la collecte aura lieu la semaine du 14 octobre. "Cette matière inexploitée pourrait recouvrir les besoins en énergie de 700 logements. Ou alimenter en carburant des bus et des bennes à ordures", note la Métro dans un communiqué. En 2020, 80% du territoire métropolitain sera ainsi concerné par la collecte des déchets alimentaires.
Concrètement, des poubelles spéciales, des "bios seaux" et des sacs compostables vont être fournis aux habitants des secteurs concernés. Même dispositif pour les commerçants qui déversaient chaque semaine 40 kilos de déchets alimentaires en moyenne lors de l'opération pilote menée à Grenoble et Echirolles en 2018. Les habitants des 49 communes de l'agglomération peuvent également demander la mise à disposition d'un composteur et une formation pour apprendre à s'en servir.
Et ces déchets ne resteront pas sans utilité. Ils seront recyclés en biogaz au centre de compostage de Murianette qui va accueillir cette nouvelle activité, la méthanisation, d'ici à 2030. Une fois traité, ce gaz rejoint le réseau de gaz naturel et peut alimenter, par exemple, les camions de collecte qui doivent fonctionner pour moitié au biogaz dans 11 ans. Une innovation à 170 millions d'euros.
Poubelles à puces
Une drôle d'innovation va également être mise en place à Grenoble : les poubelles à puces. Un moyen pour la Métro de contrôler la quantité de déchets jetée par chaque habitant. De cette manière, le principe de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative (TEOMI) va être appliqué : ceux qui jetteront le moins payeront le moins, et inversement.
Une part fixe de cette taxe sera réglée par tous les foyers de la métropole, et une part variable sera calculée grâce à ce système de puce en fonction de la quantité de détritus jetée, ou du nombre de fois où le bac a été vidé dans la benne à ordures. Chaque foyer disposera d'un badge pour ouvrir sa poubelle - pour éviter que des intrus n'en profitent.
"C'est la première fois qu'une taxe incitative concerne autant d’habitants, qui plus est dans un habitat avec une majorité d’immeubles, ce qui ne facilite pas la tâche", commente Alexandra Gentric, chargée du suivi des projets de tarification incitative à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) auprès de nos confrères de Reporterre. Une incitation financière à réduire ses déchets qui doit entrer en vigueur dès 2022.
Et pour couronner toutes ces mesures, le contrôle du tri sera renforcé : une "police de l'environnement" va être créée pour vérifier la bonne application des règles. Avant de vider les bacs de tri, des agents de la collecte vérifieront que les déchets sont dans la bonne poubelle. Si ce n'est pas le cas, ils le notifieront au propriétaire du bac qui sera sensibilisé, avant d'être éventuellement surfacturé en cas de récidive.