VIDEO. Présidentielle 2022 : Eric Piolle annonce sa candidature à la primaire écologiste dans une interview à France 3

Le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle annonce sa candidature à la primaire écologiste en vue de l'élection présidentielle dans un entretien accordé à France 3 Alpes. Il se livre sur ses ambitions et ses projets.

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Rendez-vous était donné sur la terrasse de la Bastille, point de vue donnant sur toute la ville de Grenoble. A quelques jours de la sortie de son livre "De l'espoir ! Pour une République écologique", les ambitions présidentielles du maire écologiste de la ville ne font plus vraiment de doute.

Eric Piolle a ainsi annoncé devant la presse, réunie en petit comité, sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 en passant par la primaire écologiste. Le premier maire EELV d'une grande ville indique, dans une interview à France 3 Alpes, vouloir "déverrouiller l'avenir" s'il est élu président en passant notamment par un référendum constitutionnel. Interview.

 

Eric Piolle, la presse vous prête des intentions présidentielles depuis plusieurs mois. Vous vouliez annoncer votre décision après les élections régionales et départementales. Aujourd'hui, êtes-vous candidat à l'élection présidentielle ?

Eric Piolle : "Oui, effectivement, j'avance étape par étape. C'est peut-être ma formation d'ingénieur qui veut cela. Maintenant, c'est une étape tournée vers 2022."

En passant par la primaire écologiste ?

E.P. : "Bien sûr, on ne fait rien sans des attaches sérieuses. Des attaches qui permettent ce travail collectif et qui permettent aussi un ancrage dans un courant de pensée."

Quel projet portez-vous en vue de cette primaire ? Qu'est-ce qui vous distingue de vos concurrents, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau ?

E.P. : "Je viens apporter ce que je peux apporter, à savoir animer des équipes. Tracer un chemin, un cap. Savoir écouter, composer. Quand on est maire, on sait composer avec tout le monde. C'est cette expérience que je viens apporter dans cette nouvelle porte qui s'ouvre pour nous."

Vous envisagez notamment un référendum constitutionnel au lendemain de l'élection présidentielle pour "moderniser et démocratiser" la Ve République. Qu'apporteraient de telles réformes selon vous ?

E.P. : "Cela permet de déverrouiller l'avenir. Cela fait 40 ans qu'on sent que nos institutions ne sont plus adaptées à notre société, comment la faire évoluer. Les présidents successifs, ou bien par absence de volonté, ou bien par absence de sens tactique, n'ont pas réussi à réformer ces institutions. Je propose effectivement, dès le début du mandat, de déverrouiller en prenant le soin de ne pas choisir des mesures partisanes mais vraiment des mesures qui permettent de déverrouiller l'avenir et de travailler, ensuite, ensemble."

Notamment en modifiant certaines prérogatives du président de la République ?

E.P. : "Et en redonnant de la force au parlement avec la proportionnelle. Egalement en supprimant deux articles (de la Constitution, NDLR) qui font que le président nomme aux emplois publics et militaires. Nous avons vécu, dans la crise du Covid, cet espèce de plein pouvoir. Nous étions suspendus à la parole présidentielle pour savoir de quoi allait être fait notre avenir. Nous voyons bien que ce n'est pas efficace.

Votre livre à paraître mercredi s'intitule "De l'espoir ! Pour une République écologique". Comment fait-on pour redonner de l'espoir quand on constate, notamment, le taux d'abstention aux élections régionales et départementales ?

E.P. : "Ces réformes peuvent permettre, avec le référendum d'initiative citoyenne, de s'approprier la démocratie qui est un entraînement perpétuel. De l'espoir, c'est aussi l'action. C'est dans l'action qu'on retrouve de l'espoir. En partant du vécu de la vie quotidienne, en partant de problèmes de santé, d'insécurité, existentiels, sociaux, nos questions de mobilité, de logement. C'est cela qui nous fait avancer, de l'énergie jusqu'à l'industrie, il y a là un changement à décider."

Vous indiquez vouloir "remettre du sens dans la vie politique", qu'il s'agit du sens de votre engagement. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

E.P. : "Petit à petit, la politique est devenue une politique de gestionnaire ces 40 dernières années. C'est pour cela que je les qualifie de '40 impuissantes' après les 30 glorieuses. Nous n'avions pas cela en tête quand le président de la République a été élu en 2017. Finalement, ce mandat n'aura pas changé grand-chose à part renforcer le pouvoir des plus riches. Ces 40 années d'impuissance doivent maintenant laisser la place à un avenir où l'on redessine un progrès collectif, où l'on se réapproprie une idée positive de l'avenir."

Pour arriver à la mairie de Grenoble, vous avez formé une coalition allant de La France insoumise aux écologistes en passant par des mouvements citoyens. Est-ce un projet que vous voudriez réaliser au niveau national en vue de la présidentielle ?

E.P. : "Evidemment, nous avons besoin de fédérer l'ensemble de l'arc humaniste dans la perspective de cette élection. C'est le sens de mon engagement depuis toujours. Il y a un monde néolibéral qui s'affirme, qui est très violent. Il y a une proposition identitaire de repli sur soi, réactionnaire. Et il y a cet arc humaniste que je fédère et que je vais continuer à fédérer."

Cette union de la gauche a vu le jour aux dernières élections régionales, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi aux élections départementales en Isère. Pour autant, aucune de ces listes n'est parvenue à prendre la tête d'un exécutif local. S'agit-il d'un échec ?

E.P. : "Cette union, c'est la force qui monte, qui pousse. A la fois en terme de score, de nombre d'élus, en terme aussi de capacité à fédérer. Nous avons vu que les régions qui étaient en capacité de se fédérer sont des régions où les écologistes sont devant. C'est un message important pour l'avenir. Les écologistes peuvent prendre confiance en eux et envisager de nouvelles évolutions culturelles dans leur parcours. Ils sont plutôt issus de contre-pouvoirs, de lanceurs d'alerte et ils apprennent l'exercice du pouvoir. Nous l'avons montré à Grenoble en 2014, en 2020 un petit peu partout en France, et à nouveau à l'occasion de ces élections."

La campagne pour la primaire écologiste dans laquelle vous vous lancez ne va-t-elle pas vous pousser à délaisser Grenoble dont vous êtes maire ?

E.P. : "Je suis maire de Grenoble, je le reste. J'y suis extrêmement attaché. Nous avons moins de trois mois devant nous pour la campagne de ces primaires qui vont m'amener à faire un deuxième tour de France, mais cette fois-ci en tant que candidat. Je ferai cela avec toute ma détermination jusqu'au 19 et 26 septembre, les deux tours de la primaire des écologistes."

Dès 2014, vous aviez annoncé votre volonté d'exercer au plus deux mandats en tant que maire de Grenoble avant de passer la main. Maintenez-vous ces propos aujourd'hui ?

E.P. : "Je l'ai dit avant même d'être élu parce que je pense que le cumul des mandats dans le temps n'est pas positif. Il faut renouveler les équipes. Nous l'avons fait avec une équipe 50% renouvelée, 23 sortants et 23 nouveaux. Nous avons réussi ce pari et nous allons continuer, c'est important. La vie politique n'est pas ad vitam."

 

 

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