Le tribunal de commerce de Grenoble rendra sa décision, ce vendredi 28 avril, sur le prochain repreneur de Go Sport. L'enseigne iséroise d'articles sportifs avait été placée en redressement judiciaire fin janvier. Deux offres de reprise, celle d'Intersport et celle de Frasers, seraient privilégiées.
Quel repreneur pour Go Sport après des mois d'incertitude ? Le tribunal de commerce de Grenoble dévoilera, ce vendredi 28 avril, son choix parmi une vingtaine de candidatures. Deux d'entre elles sortent du lot : celle d'Intersport France et celle du britannique Frasers.
Après une audience le 18 avril consacrée à l'audition des repreneurs potentiels, le tribunal avait mis sa décision en délibéré au 28 avril. Seule certitude à ce stade : le spécialiste d'articles sportifs devrait bel et bien changer de mains au terme de la procédure, pour le plus grand soulagement de ses quelque 2 150 salariés. Ils disent en effet avoir perdu toute confiance en la gestion de leur patron, le financier Michel Ohayon, dont le vaste empire est aujourd'hui plongé en pleine tourmente financière et judiciaire.
Pas de recours
Sa société Hermione, People & Brands (HPB), qui entendait initialement présenter un plan de redressement de Go Sport, y avait finalement renoncé le 17 avril, affirmant en avoir été "empêchée", mais elle avait aussi fait savoir qu'"aucun recours ne serait exercé contre le plan de cession".
Pour les salariés, qui redoutaient ouvertement de "finir comme Camaïeu", autre enseigne détenue par HPB et mise en liquidation fin septembre, cette nouvelle signifie que "Go Sport ne va pas mourir".
"On va pouvoir préparer l'avenir dans nos têtes", s'était réjouie Laurence Labaurie, représentante FO des salariés, en marge de l'audience judiciaire du 18 avril. "On est prêts à 100 % à relancer les magasins et accueillir nos clients".
Les offres de reprise d'Intersport France et de Frasers apparaissent comme les mieux placées pour l'emporter face aux autres candidats, qui n'ont proposé que des reprises partielles des actifs et des salariés de Go Sport.
"Eléments de nature à interroger"
Me Evelyn Bledniak, avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, pense pour sa part que c'est "Intersport qui sera désigné comme repreneur".
Elle affirme que Frasers a dévoilé le 18 avril "des éléments qui n'avaient jamais été communiqués avant, de nature à interroger sur la pérennité des emplois dans le cadre de la reprise", comme l'hypothèse de fermetures de magasins et de licenciements, ainsi que la "possibilité à très court terme de filialiser les magasins Go Sport, ce qui n'était absolument pas envisagé au départ", a-t-elle dit à l'AFP.
Ces annonces "ont un peu troublé tout le monde" et sont "de nature à changer considérablement la physionomie du dossier", a-t-elle estimé. En outre, le prix de rachat proposé par Frasers est inférieur à celui de son concurrent. "Entre les deux offres, pour moi, il n'y a pas de débat, mais on attend la décision", a-t-elle ajouté.
Les deux offres dans le détail
Dans son offre finale, la filiale de Frasers, Sports Direct, s'était engagée à reprendre 75 magasins et 136 des 227 salariés du siège. Dans les magasins, Sports Direct reprendrait 1 477 salariés sur les 1 574 recensés. Sports Direct a également l'intention de faire passer les magasins Go Sport sous son enseigne Sports Direct "de manière raisonnée et progressive au cours des trois ou quatre prochaines années".
De son côté, Intersport France a présenté une proposition de reprise en coentreprise avec une société qatarie, Al-Mana, et propose de reprendre 72 magasins, 1 446 salariés des magasins sur 1 574, et 185 salariés du siège (Groupe Go Sport).
"Intersport est prêt à relever le match avec les équipes de Go Sport. Le tribunal tranchera", avait commenté son PDG Jack Rihouet, après son audition, sous quelques applaudissements de salariés.